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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 19:27
Dans toutes les fédérations, certaines personnalités sortent du lot.
 
Mais à la différence d’un groupe où, souvent, un individu est la raison pour laquelle le groupe existe. La fédération est, dans la majorité des cas, la raison qui permet à certains de sortir du lot.  En effet c’est une réussite dans la structure (et non dans la totalité du  « monde ») qui leurs permet de prendre un ascendant relatif sur les autres.
 
Le problème c’est que le cerveau-singe ne connait que le groupe et la savane, pas l’institution et sa place dans la société.  Il identifiera toujours un groupe jamais une institution. Il ne comprendra jamais les règles d’une institution et cherchera à « plaquer » les règles du groupe sur le fonctionnement de l’institution (sans voir l’impact de son action sur l’institution et ensuite l’impact de l’institution sur la société…..).
 
Dans la fédération de ping pong (  , par exemple)
 
-Il y a Robert. Robert, personne ne peut le battre une raquette de pongiste à la  main. Il a acquis un « poids politique » certains car beaucoup de gens l’entoure pour s’entrainer avec lui ou tirer profit d’un partage technique. La fédération est à l’origine du « poids » de Robert. Robert a une maitrise supérieure à la moyenne.
 
-Il y a aussi Raoul. Raoul est un gars super sympa avec qui on passe toujours un bon moment : il est donc toujours entouré de beaucoup de monde. Raoul est à l’origine de ce groupe. Raoul a du charisme.
 
-Il y a aussi Raymond. Raymond connait toutes les stratégies du ping pong. Il sait comment utiliser la raquette avec un maximum d’efficacité. Il connait l’historique du ping pong et de sa réglementation. Il sait qu’elles sont les mouvements les plus adaptés pour tel ou tel type de règle. La fédération est  là aussi à l’origine du « poids » de Raymond. Raymond a un savoir.
 
Les dons  de Robert lui donnent une maitrise, maitrise reconnue dans la fédération de ping pong, en dehors nettement moins (dans le club d’échec, la maitrise du ping pong, bof, bof)
La personnalité de Raoul lui donne un charisme. Une caractéristique indépendante de la fédération (et du ping pong d’ailleurs…..)
Les recherches de Raymond lui donne un savoir. Comme pour Robert, ce savoir est reconnu seulement dans l’institution (dans le club d’échec, bof, bof)
 
Comme d’habitude, j’ai fait simple. On peut trouver d’autres personnalités qui sortent du lot (Roger, le connaisseur des institutions par exemple , Rodolphe le pédagogue, etc….. ).
 
C’est un modèle, pas une description de la réalité pure et dure. Je l’appelle le modèle des R. 
 
Vous voyez que toutes ces qualités sont importantes pour que l’institution perdure car il faut :
 
·         Avoir des gens se regroupant (charisme)
·         Avoir une connaissance à offrir (savoir)
·         Avoir une mise en pratique du savoir (maitrise)
 
Aucune de ces qualités n’est supérieure aux autres.
 
-Charisme et Maitrise sans Savoir ne donne qu’un pongiste incapable  de s’adapter, condamné à répéter des techniques.
-Savoir et Maitrise sans Charisme n’aboutisse qu’a un pongiste solitaire qui va perdre sa maitrise (sauf cas exceptionnel : Forrest Gump !!! )
-Charisme et Savoir sans Maitrise ne donne qu’un professeur, pas un pratiquant de ping pong.
 
Quand une même personne cumule une légitimité dans les différentes qualités, c’est très simple pour tout le monde. En effet  nous cherchons un leader en permanence (cerveau singe), comme nous le trouvons assez vite, notre cerveau de primate ne nous dis plus rien. Mais, même dans ce « cas parfait » notre cerveau "humain" doit rester critique car il connait ce travers du cerveau "singe".  Le cheval noir et le cheval blanc progressent de concert;  le cocher n’a pas à intervenir, même s’il surveille ses chevaux et la route (Toujours ! C’est ça être un humaniste).
 
Le problème apparait quand plusieurs personnes ont une légitimité dans ces qualités (même à des degrés divers).
 
Notre cerveau primate va chercher une hiérarchie et il la demandera en permanence jusqu'à ce qu’il l’ait….Certains, eux-mêmes incapables de commander leurs chevaux,  vont donc , même quand il n’y a pas de réels problèmes institutionnels, profiter de ce « déséquilibre » de la conscience présent également chez les autres, pour (dans les faits au moins) créer leur petite pyramide où ils seront au sommet.  En donnant des justifications aussi claires que :
 
-          L’esprit du fondateur n’est pas respecté (comme il est mort, il ne pourra pas contredire)
-          Dans un match contre un tatou ( ?!!!), le pouce ne doit jamais être tourné vers l’extérieur de la raquette (la griffe de tatou peut vous toucher sinon…) .Cet aspect technique est fondamental et mérite que nous prenions notre indépendance de la fédération de ping pong!?!??
-          Je suis le meilleur, je dois donc être le chef  (Oser ce type d’argument montre que les cerveaux primitifs sont très influents…Gare ! )
 
Bref du vent tout ça. Le pire étant que certains qui sortent du lot pensent sincèrement que c’est uniquement leur valeur propre qui a joué. (cerveau singe : Je suis le dominant dans la savane…..Bien ! mais elle est où ta savane, Cheeta ? )
 
  • Comme un chef d’orchestre qui dirait qu’il n’a pas besoin d’orchestre pour être un grand chef d’orchestre. 
  • Steven Spielberg, sans l’infrastructure du cinéma, vous pensez qu’il aurait eu le même succès dans la société ? (http://www.slate.fr/story/50397/films-spielberg-integrale)
 
Dans le cas des arts martiaux via les des fédérations ( et autres institutions) :
 
A la base, la primauté donnée au rapport à l’individu n’a pas réussi à résoudre, à ma connaissance, ce problème. C’est la raison pour laquelle la plupart des fédérations se divise encore et toujours. Le lien est féodal : Il est  passé d’homme à homme. Quand l’homme légitime « central » disparait, Il n’y a pas de lien entre les autres niveaux et tout est à refaire.
 
Une solution simple a été trouvée dans le passé par l’humanité. Pour gérer ce problème et dépasser le problème de la recherche du leader; le leader doit être…..l’institution.
 
Attention, cela implique juste un changement de modèle dans votre processus de pensée (si ce modèle d’ « institution leader » répond à votre éthique, bien sûr …. ). Ce n’est  pas un changement radical à mettre en place dans la manière de fonctionner de l’institution. Regardez le post sur l’importance de la discrétion dans la philosophie si vous avez un doute sur les modalités de cette solution. (Il ne faut pas que cela devienne une fin en soi ou un motif de légitimité, petit primate  ...).
 
Reprenons le mythe du chariot ailé :
 
En utilisant ce modèle de l’ « institution leader », le cocher place un leurre devant son cheval blanc (ici, le cerveau singe)  pour qu’il galope en accord avec son cheval noir (sa reconnaissance de l’institution).  Attention dans ce cas, le cocher doit surveiller la route et son environnement de manière plus attentive et doit éviter que le cheval noir ne gouverne trop sa route. Il faut donc bien connaitre le cheval noir (ses travers mais aussi ses qualités) et savoir où on veut aller.
 
A mon sens, c’est l’oubli de l’importance de cette utilisation de l’institution qui a amené tant de déboires dans les arts martiaux.
 
La plupart des pratiquants veulent se focaliser sur des personnes. Ce qui  est plus économe en terme de ressource, mais moins efficace en termes de résultats et surtout moins pérenne. C’est en fait une structure très proche de l’économie domestique. Une structure qui est donc, par construction, condamnée à sa dégrader très vite et ne peut donc jouer un rôle fédérateur et/ou de clarification technique pour les arts martiaux.
 
Considérer une institution comme un bien commun mais aussi comme le leader de tous, est, à mon sens, indispensable pour la voir se développer et perdurer dans le temps.
 
En conséquence :
 
·         La fédération n’est la propriété de personne : même pas du « président » qui ne peut donc pas faire n’importe quoi. Présider a un sens bien précis, différent d’un comportement de singe dominant.
 
·         La fédération est au-dessus de tout  le monde (c.à.d. tout le monde doit rendre des comptes).
 
·         La fédération, elle-même en tant que leader/personne morale, doit rendre des comptes et s’engager :  La communication ce n’est pas un « effet secondaire » du travail d’une institution. C’est indispensable et fondamental pour permettre à chaque cocher de s’assurer  que son cheval noir et la route suivie (personnellement ou institutionnellement)  sont conformes à l’objectif qu’il a décidé. 
(Avis personnel, 100% subjectif mais 100% sincère, je trouve que la FEKM a une manière simple et efficace de le faire : Un vrai Krav Maga institutionnel ! )
 
Et pour être un peu poétique :
 
  • Comme un arbre, la fédération doit être entretenue régulièrement par tous (les débutants aussi ont un rôle….)
  • Comme un arbre, il peut y avoir plusieurs jardiniers. (le spécialiste des feuilles, des racines, de l’eau, de l’engrais, de la coupe, du type d’arbre,  de la météo, etc…). J’exagère un peu mais vous voyez l’idée : Vous n’allez pas mettre les jardiniers en concurrence, espèce de petit primate !  Par contre rien n’empêche d’éprouver de la reconnaissance pour eux (même à titre individuel) et pour le don qu’ils nous ont fait avec leur travail sur l’arbre, espèce de petit humain !
  • Comme un arbre, il y a une idée (graine/ but premier) qui doit exister avant le développement (dans le cas de la FEKM, la diffusion d’un krav maga authentique : un art martial de self défense)
  • Comme un arbre, son utilité est dans ses fruits pas dans les jardiniers
  • Comme un arbre, il ne vous déplace pas, ce sont vos petites jambes qui vous permettent le déplacement (votre entrainement)
  • Comme un arbre, ma valeur n’est pas définie par le nombre de fruits que j’y trouve (si certains ont une plus grande échelle, tant mieux pour eux)
  • Comme un arbre, tout le monde peut profiter de l’ombre ou de ces fruits, il suffit de s’en approcher.
  • Comme un arbre réel, il n’est pas parfait mais cela ne veut pas dire qu’il ne donne pas d’ombre ou des fruits savoureux.
  • Comme un arbre, son côté fixe lui donne son intérêt pour s’orienter (passage de ceinture) même quand on a mangé les fruits (acquisition des techniques).
 
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Tiens quel arbre pourrait symboliser la fédération responsable d’un art martial développé au moyen orient ?
 
  • Un arbre méditerranéen
  • Un arbre symbole de solidité
  • Un arbre symbole de longévité
  • Un arbre symbole de paix
 
Vous voyez ?…. 
 
 
Bref un arbre me semble une bonne image pour comprendre le rapport que nous, pratiquants, devons avoir avec notre fédération. Une image différente du Léviathan hobbesien qu’inconsciemment (je pense) beaucoup de présidents et de pratiquants  utilisent car ils ne connaissent que ce modèle pour une institution. Un vrai manque de formation philosophique….. Un comble pour des gens qui soi-disant font de la philosophie et pas de la « vulgaire » self défense. 
 
 
 
Cette idée de bien commun à entretenir est fondamentale pour une fédération et de là découle deux principes majeurs :
 
1- A partir du moment où c’est un bien commun, il doit être indépendant de toute personne et veillé par tous.
 
2- Cette indépendance doit être assurée par la gouvernance. Quand je dis gouvernance, je parle d’une vraie gouvernance : Un truc réfléchi et construit, où un enfant peut comprendre la gestion du pouvoir. (C’est cela le feu « politique » de Prométhée : Le pouvoir) . Nous devenons pleinement des humains quand nous savons gérer le feu et le pouvoir. Ceux qui refusent l’usage du pouvoir qui leur est échu (sans une vraie justification) sont aussi malsain que ceux qui veulent l’accaparer à tout prix : Le moteur fondamental est le même : Ils veulent rester des enfants toute leur vie (Sans se mettre de limite et sans responsabilité).
 
Cette gouvernance et la communication associée, en permettant la « surveillance » par le cocher, permettent au  cerveau « humain » des personnes présentes dans une institution de prendre le dessus sur leur cerveau « singe » : C’est la Société que je définissais comme étant de type 1. (entrainement du cocher et non appel aux chevaux)
 
C’est d’ailleurs la réponse au  problème de la guerre des rats entre eux, automatique à partir d’un niveau seuil d’une population de rats, problème posé à notre sagacité par….. Henry Plée. Contrairement aux rats, nous pouvons utiliser notre cerveau humain, si nous le mettons en route…et ainsi éviter de nous autodétruire.
 
Si on se contente d’une gouvernance via les relations des personnes, on aboutit à des groupes  avec un comportement de primate (société de type 2) sauf dans le cas d’un leader avec une personnalité humaine exceptionnelle qui projette son éthique sur la morale du groupe avec une force suffisante pour générer un comportement humain du groupe. C’est un cas rare (un leader « gourou » primate est plus classique….) et malheureusement difficilement maintenable dans le temps (le problème du stoïcisme).
 
 
Aparté
 
Il arrive que certains confondent le travail d’un président avec un rôle de « chef de bande ». Ils ne vont plus voir (ou ne jamais comprendre) que leur responsabilité n’est pas de diriger l’institution  vers un endroit donné ( par exemple , une endroit choisi par des autorités au-dessus d’eux pour des raisons qui « échappent » aux pratiquants….) mais de garder intact la structure (intact ne veut pas dire sans modification).  
 
En effet, la direction d’une institution est donnée, non par le président mais :
- dans le modèle table ronde, par tous les membres de l’institution
- dans le modèle pyramidale, par le Pharaon. Rien ne dit que le président et le Pharaon sont confondus. Le Droit français sépare d’ailleurs, généralement, les deux ; même si dans les faits les deux fonctions sont souvent regroupés. Ce n’est pas un hasard : cela a des avantages (claironnés) et …. des inconvénients (dont on parle à voix basse quand les enfants dorment ).
 
Pour les fédérations sportives en France, de par le volontariat à l’origine de la pratique, c’est le modèle table ronde qui prédomine.  Mais certains présidents utilisent des méthode d’une éthique douteuse pour transformer leur fonction de président et devenir des « pharaons » ; dévalorisant, au passage, l’usage des institutions pour tous les pratiquants : Un calvaire pour un gars comme moi, amoureux des institutions avec des structures harmonieuses !...  Oui, je sais, je suis un pervers mais je m’assume ! 
 
Les chinois avaient une très belle expression pour un leader qui perdait de vue cette importance de garder la structure. On disait que l’empereur avait perdu le mandat céleste.
 
Bien sûr il y a toujours de bonnes raisons pour perdre ou « oublier » le mandat céleste. Une propagande bien appliquée peut tout expliquer....Mais la réalité, à ce niveau-là, rattrape toujours l’institution et fait toujours payer ce manque d’éthique aux individus. (Cf Apologie de Socrate)
 
Fin de l’aparté
 
 
Tiens, en passant si vous relisez la dernière phrase du code moral de la FEKM,  vous comprendrez maintenant l’ importance que je lui accorde.
 
 
La prochaine fois :
Pour qu’un arbre pousse correctement, il faut l’entretenir.  L’arbre à la FEKM est partie d’une graine très simple (la self défense uniquement) qui nécessite peu d’entretien (et une gouvernance très légère) …Mais il nécessite quand même, je pense, un petit entretien auquel tout le monde doit participer (débutant, ancien, etc…) pour que l’arbre continue à donner des fruits et ne soit pas pillé. Nous verrons la première partie de cet entretien dans le prochain post. Et pour cela, je tiendrais l’engagement pris sur un ancien post : Mihaly Czymtaldisky.
 
 
 
 
 
 
Coin culture
 
« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple.
[…]
Je me résume, Messieurs. L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu’exige l’abdication de l’individu au profit d’une communauté, elle est légitime, elle a le droit d’exister. Si des doutes s’élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles ont bien le droit d’avoir un avis dans la question. Voilà qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre terre à terre. « Consulter les populations, fi donc ! quelle naïveté ! Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens d’une simplicité enfantine. » ― Attendons, messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux, reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé."
 
 
 
Ernest Renan

Qu’est-ce qu’une nation ?
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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE