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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 20:03

                                Un travail sur l’Ethique est le complément d’un apprentissage du Krav Maga
 
                                                (Inclinaison respectueuse vers G. Funakoshi et les vingt kyokuns ! )
 
 
Dans l'avant dernier post, j’ai essayé de faire un point sur l’état actuel de notre organisation sportive dans notre société.
 
J’ai essayé de pointer, à mon sens, les dysfonctionnements majeurs et le blocage qui en résulte.
 
Classiquement, après l’analyse d’un problème institutionnel, quelqu’un de bien intentionné (et je le dis sans ironie), une fois que le problème est bien vu, va sortir une solution bien bipolaire du style : «  Du balai et qu’on mette quelqu’un d’honnête et compétent ! »
 
C’est un piège !
 
En effet :
 
1- Qui donne le coup de balai ?
2- C’est qui le « on » qui fait le changement ?
3- Quelqu’un d’honnête et de compétent, cela existe mais c’est aussi rare qu’un vrai stoïcien (même si tout le monde croit être stoïcien….tant qu’il n’a pas été mis à l’épreuve).
4- Pour une institution, la forme est donnée, bien au-delà des personnes qui la composent : Les forces « sociologiques » qui animent la société dans son ensemble donne la forme de l’institution qui n’est généralement qu’un sous ensemble de la société (sauf secte, monastère, société isolée, etc…..). Un être humain sera donc probablement broyé par ces forces si l’institution, sous son autorité, s’oppose à la société.
 
Vouloir changer quelque chose de l’intérieur dans une institution, même pour une fédération sportive, reviens à vouloir changer la société dans sa totalité…..
 
Vous remarquerez, d’ailleurs, que c’est exactement l’évolution de mon angle d’écriture pour ces posts sur le Krav Maga. Je suis parti de posts sur le Krav Maga pour montrer son intérêt  dans la société actuelle….Je me retrouve à faire de la sociologie/économie pour expliquer les problèmes actuels (et futurs) de la société et pourquoi les arts martiaux ( et surtout le Krav Maga à mon sens) sont une des réponses.
 
Ainsi, pour les besoins de ma démonstration, je vais dans ce post, approfondir la relation que nous, humains, avons avec les institutions de la société avant d’expliquer  qu’elles devront être les modalités d’une action efficace selon l’analyse de Galbraith (le pouvoir extérieur se transforme généralement en pouvoir intérieur) et conforme à mon éthique, (Traite l’autre comme toi-même), pour sortir de  cette ornière martialo-sportivo-institutionelle.
 
J’ai parlé du fait que nous, humains, sommes capables de résoudre plus efficacement les problèmes quand nous sommes en « groupe ». La seule condition étant que la ressource supplémentaire dégagée par notre efficacité en commun soit supérieure à la ressource nécessaire pour maintenir la cohésion de la structure.
 
Mais une question importante, une fois la structure définie, va être : Quelle est la place d’un humain (notamment vous !) dans la hiérarchie de la structure ?
 
Et là dans notre société, ce déroule une « danse » permanente dont le modèle le plus pertinent se trouve dans la Torah/ Le Pentateuque. En général, on attribue la paternité de ce modèle à Hegel, mais, à mon sens, la présentation faite par ces deux livres de sagesse est bien supérieure au modèle hégélien (Toujours à mon sens, ce modèle est faux dans l’application qu’en a fait Hegel sur la conscience, c’est la raison de mon développement ci-dessous).  Je veux parler de la dialectique du maitre et de l’esclave.
 
Un interprétation de la dialectique du maitre et de l’esclave
 
Globalement vous avez trois acteurs

  • Le maitre (Attention : la langue française est traitre, le maitre désignant à la fois la personne très compétente dans un domaine précis et le « chef de la structure». Alors que ce sont deux choses bien différentes. Certains, dans les arts martiaux, en profitent pour passer d’un sens à l’autre suivant leur intérêt)
  • L’esclave
  • Le monde

 
Le maitre va rassembler des esclaves (en structure ou non) et leur demander d’agir sur le monde à sa place. Bien sûr ils devront lui donner une partie du résultat de leur action. (Part de la production ou impôts). Pour s’assurer de cela, le maitre dispose de trois pouvoirs : Coercitif (Tu le fais ou tu morfles), Distributif (Toi, tu auras une plus grosse part que l’autre si tu fais bien ce que je te demande) et Persuasif (Je te fais croire quelque chose (ex : Ambition)  et tu fais ce que je te dis pour cette croyance. Cette croyance n’est donc  pas forcément religieuse).
 
Bien évidemment, on peut panacher….C’est ce que l’on appelle la fabrique du consentement.
 
Mais au bout d’un certain temps, la structure devient trop lourde et il faut l’alléger ou la changer. On cherche qui est inutile……Les esclaves sont tous utiles (par définition, ils savent agir sur le monde) et donc, en général, ceux qui sont en trop sont les maitres (qui ne sont plus unique, ils se sont reproduits et leur entretien pèse sur la structure). Généralement, les anciens maitres deviennent esclaves et un esclave devient le nouveau maitre…..Jusqu’à ce que lui ou ses descendants ne maitrisent plus l’action sur le monde(le Travail) et le cycle recommence.        
 
Ceci dit, soyons clair : Une des vies est plus sympa que l’autre, il n’est pas anormal de chercher à changer de camp (ou de refuser le changement). Ce qui compte, pour juger, ce sont les moyens utilisés. Soyons également clair, si vous lisez ces lignes, à l’échelle de la planète, vous faites parties des maitres….. (J’ai également peur que tous les êtres humains se comportent, vis-à-vis de la planète, comme des maitres….)
 
Dans la Torah/le Pentateuque, nous avons un exemple que j’ai trouvé excellent :
 
Jacob sert de berger à Laban
Ils passent un accord entre eux, les brebis rayées à naitre seront à Jacob et les brebis avec une laine unie (plus chères…) à naitre seront à Laban
Avec un moyen que nous qualifierons de licence poétique : Jacob montre une baguette mouchetée aux brebis robustes juste avant la rencontre avec le Bélier (il n’y a pas de bééé….), Jacob se retrouve avec un troupeau florissant de moutons rayés mais robustes tandis que Laban n’a plus que des moutons unis mais faméliques. Au passage, vous noterez que Jacob n’a pas eu besoin d’être violent avec Laban pour lui prendre sa fortune et que pour empêcher le transfert de son troupeau Laban aurait dû …..s’en occuper (faire un travail d’esclave) même si ce n’était pas indispensable …..à court terme.
 
Un peu comme de connaitre les bases de la self défense et de la protection personnelle pour éviter de s’en remettre en totalité à d’autres pour sa sécurité…..
 
 
l’Homme  veut une rente éternelle en  « oubliant » que l’Univers rebat sans cesse les cartes pour tout le monde.
 
Laban avait perdu la maitrise sur le monde et a commencé à vivre dans l’illusion. Vous noterez toutefois qu’il n’y a pas tromperie, vol ou violence pour opérer le bouleversement mais un affrontement « non violent » pour déterminer qui avait la meilleure maitrise du monde. Par ailleurs, un maitre « digne de ce nom » aurait cherché à comprendre le dessous de l’accord et serait resté maitre…
 
 
            Si nous nous arrêtions à cette analyse, il serait raisonnable et judicieux de chercher à créer une nouvelle fédération d’arts martiaux (officielle ou non) en fédérant les arts martiaux entre eux (un genre de syndicat…..) pour  faire valoir institutionnellement et au niveau de l’état, le droit à un art martial indépendant de l’esprit de compétition olympique et ainsi remplacer, dans ce domaine, les fédérations sportives d’aujourd’hui en suivant cette fameuse dialectique. (Un volontaire stoïcien compétent pour devenir le « maitre » des « maitres » ?)
 
            Mais un deuxième phénomène peut apparaitre
 

  •     Si le cout de l’infrastructure du groupe devient supérieur à la ressource dégagée par le travail en commun
  •     Si le monde est limité, il peut y avoir un problème pour trouver où exercer le travail (pour simplement s’intégrer à la structure, je ne parle même pas de grimper dans la hiérarchie) car il n’y a plus rien à travailler (plus de terres fertiles, seulement du désert…mais certains sophistes diront qu’il n’y a pas de problème, puisqu’il reste de la place…..)

 
Dans ce cas, non seulement, il ne sert à rien de vouloir postuler pour le poste de maitre (la chute n’est jamais un moment agréable pour les « maitres »). Mais en plus il faut plutôt prévoir le moment ou la structure va s’effondrer sous son propre poids et ….libérer des terres fertiles.
 
Ces deux points supplémentaires ont déjà eu lieu dans différentes configurations (Fin de l’ère mycénienne/ prélude à l’âge classique de la Grèce, Fin de l’empire romain/début du moyen âge, Fin de la présence Viking au Groenland  , Fin de la civilisation de Rapa nui (ile de pâques), fin de l’unification du japon/début de l’ère d’Edo, etc.…..).
 
Cela ne signifie pas la fin de l’humain (c’est la bonne nouvelle). Cela signifie la fin d’un mode de vie (c’est la mauvaise nouvelle).
 
Au passage, cela peut être rapide. La Grèce montre en quelques années, une importante chute du niveau de vie de la population (sans avoir une ambiance à la Mad Max, notez-le bien ! ).
 
 
Je pense que c’est exactement le problème qui se pose à nous autre, artistes martiaux : nous nous retrouvons face à une structure complexe (les fédérations sportives) au moment de la fin des structures complexes.  Créer une nouvelle structure identique (ou supérieure) en taille et en organisation n’est sans doute pas la meilleure stratégie.
 
Petite digression : Cela permet de voir clairement l’avantage institutionnel majeur du MMA. Au lieu d’avoir quatre ou cinq disciplines « sportives » (boxe anglaise, boxe thai, karaté, judo, lutte, etc…..)  avec chacune leur infrastructure (et leur coût), nous avons là une seule discipline qui les regroupent toutes….avec l’économie d’échelle correspondante.
Là, où il y avait un « emploi » pour cinq « agents de fonctionnement » (et le prélèvement concomitant via les ressources privées/licences, les impôts et les emprunts publics), il n’y a plus besoin  que d’un «agent de fonctionnement » (avec un prélèvement rendu bien moindre sur la société)
Rien que pour cette raison, je suis persuadé que le MMA va « bouffer » les disciplines classiques une fois que le barrage opposé par les « agents de fonctionnement », qui comprennent parfaitement la situation, va disparaitre (et le barrage doit disparaitre; d’après mon analyse, c’est le sens de l’histoire ….).
 
A mon avis, un positionnement clair et explicite des arts martiaux « exotiques » en art cérémoniel sera leur meilleure protection pour éviter d’être emporté dans cette fusion des sports de combat…
 
Retour au sujet :
 
Certains peuvent s’imaginer que les structures complexes auront toujours le pouvoir de prélever, par leur force supérieure (tiens !), leur indispensable ressource sur les plus  petites institutions. Mais dans un monde où les ressources vont devenir plus rares, cela revient à dire que les puissants dinosaures vont survivre car ils pourront manger plus facilement que les petits  « mammifères ». Nous connaissons le vainqueur historique.
 
Comme le dit le « proverbe » : « La taille n’est pas tout ».
 
En effet, il est évident que dans un monde où les ressources deviennent rares, les pouvoirs distributif et persuasif (à l’origine de la servitude « volontaire ») vont perdre de l’importance au profit du pouvoir coercitif.
 
Mais utiliser le pouvoir coercitif, à l’échelle institutionnelle, coute très cher. C’est cela qui a coulé l’URSS. Ce n’est pas le communisme en tant que tel. C’est le fait qu’il n’y avait plus d’autres incitations possibles (qui coutent beaucoup moins cher en termes de cout d’entretien dans l’infrastructure).
 
C’est dans un monde où  la force coercitive va redevenir dominante, que la self défense (et donc pour moi, le Krav Maga) va redevenir essentielle, non pas seulement directement (violence) qui est la forme la moins utile dans la vie, mais surtout indirectement (non-violence)
 
Bien évidemment, comme le dit maitre Miyagi, le plus simple c’est de cacher ses ressources, son Travail et sa personne pour éviter d’être la cible d’un pouvoir coercitif.
 
Mais ce choix n’est pas très réaliste.
 
Nous avons une vie sociale, nous interagissons avec les autres pour vivre et nous sommes donc susceptibles de devenir l’objet de coercition.
 
Alors qu’elle est l’avantage de connaitre la self défense ?
 
Le Krav Maga permet de « doubler » votre cout de coercition.
 
Etre instructeur de Krav Maga permet de le « quadrupler » (au moins…)
 
Imaginons un scénario où un colosse (genre Hercule) suffit à dominer 10 petits sédentaires (du genre geek !). Le surplus de ressource dégagé par ce groupe de geek est de 4. Les colosses en consomment 2 (il faut un colosse en permanence à la surveillance, il faut donc deux fois plus que le minimum) et en remontent 2 dans l’infrastructure auquel ils appartiennent. La situation est en équilibre.
 
Supposons maintenant que les 10 petits sédentaires savent se battre. Il faut maintenant deux colosses pour espérer les dominer. Il n’y a plus de surplus disponible pour une quelconque institution. (il faut quatre colosses pour maintenir en permanence la pression)
De plus, il faut que deux colosses s’absentent de temps en temps. S’ils sont organisés, les petits sédentaires peuvent se regrouper à ce moment-là pour lutter contre les deux colosses qui restent de « garde » et à force d’essais, ils finiront par l’emporter…. Car si les colosses ne peuvent pas chercher à limiter les sédentaires qui les font vivre, l’inverse n’est pas vrai  (remerciement au trésorier de l’AKNV, c’est lui qui a pondu ce modèle ! ).
 
Si on présente clairement (pédagogie à travers posts, samizdat, dazibao…… ) la situation aux colosses, ils peuvent comprendre que leur rôle de garde chiourme les mènent, scientifiquement, dans une impasse.  L’URSS a ainsi compris la situation et évolué sans explosion de violence majeure lors de la transition…(Et oui, c’est à mettre à son crédit, même si le débit est colossal….)
 
La non-violence de Gandhi ou de Martin Luther King ne reposait pas seulement sur des idées. La violence pouvait apparaitre très rapidement au vu de la situation sociologique. Les opposants à Gandhi et à Martin Luther King le savaient et  ils préféraient garder les leaders non-violents et négocier avec eux le partage du gâteau pour garantir un maximum de ressource le plus longtemps possible pour l’infrastructure car l’autre choix était pire……  A partir de là Gandhi et King ont pu négocier des libertés de plus en plus grandes au fur et à mesure de l’accroissement de leur marge de manœuvre.
 
La non-violence consiste à démontrer votre capacité d’opposition avec des moyens de pression ne provoquant pas d’emballement des chevaux des autres camps et du votre.  (Modèle du char ailé)
 
Mais, bien évidemment, plus vous avez d’opposition potentielle à votre disposition, plus vous pouvez contrôler le partage des ressources du monde et du profit de votre travail. Il faut donc avoir un potentiel d’action en réserve et calibrez votre action non violente avec ce potentiel. Si vous n’avez pas de potentiel, vous êtes un consommateur/usager jouet/objet. Il est donc important d’avoir et de maintenir ce potentiel….  
 
Ce potentiel permet, couplé avec le non-violence, un axe de lutte institutionnelle sur la question de la répartition des ressources et du Travail,  quand il y a refus du débat politique. (Notamment dans une infrastructure soutenue, dans les faits, par la société dans son ensemble)
 
La violence est aussi un axe  possible mais elle est un peu plus salissante et ses traumatismes relancent plutôt la dialectique dite du bourreau et de la victime.
 
La non-violence permet de montrer à « l’autre camp » que le gain de sa victoire (hypothétique) sera au mieux nul. En général, une institution est assez sensible à ce genre d’arguments. (Attention aux cas particuliers, il existe des institutions entièrement dominées par des psychopathes)
 
Au passage, la stratégie de l’empire Byzantin qui a survécu à la chute de Rome sous forme institutionnelle (pendant mille ans) correspond tout à fait à ce refus d’être entrainé dans une spirale de violence, même si on dispose des moyens de gagner. Si bien que les « barbares » (Francs, Huns, Vikings, etc….) qui l’entouraient,  l’estimaient peu « militairement » mais ….perdaient in fine.
 
Ceci dit, cela pose quand même un problème fondamental : comment reconnaitre une institution efficace (qui ne se contente pas de brasser du vent mais  dispose d’un vrai pouvoir) se conformant, aujourd’hui et dans notre contexte, à une éthique non violente (car une institution de self défense peut rapidement dégénérer si ses membres ne mettent pas clairement des barrières à ce qui est acceptable par eux sur les modes d’actions de l’institution)
 
A mon sens, les meilleures démarches non violentes pour montrer un refus net à une infrastructure, sont le boycott et la non coopération. Quoi de plus clair pour montrer que l’on ne dépend pas de l’infrastructure ? Quoi de plus ridicule qu’un internaute demandant un changement radical de l’infrastructure en utilisant un ordinateur, un logiciel et un réseau créés et maintenus  par cette infrastructure ? Quelle est le levier de l’internaute, exactement ? Un mouvement populaire ? En Démocratie, ils arrivent avec régularité, cela s’appelle élections. Donc, si un mouvement populaire pouvait changer quelque chose, dans notre infrastructure, il l’aurait déjà fait. Si rien ne change aujourd’hui, c’est parce que le changement est bloqué par ….. notre société et son manque d’adaptabilité. (voir posts précédents !).
Aujourd’hui, confort suprême, il n’y a même pas besoin de boycotter les institutions, la Dislocation va avoir cet effet. Il faut « juste » prévoir la structure allégée de remplacement…
 
Dans l’exemple des colosses ci-dessus, il « suffit » de refuser de créer le surplus lorsque le nombre de colosse est inférieur au nombre minimum requis pour « dominer » de manière flagrante des sédentaires (entrainés ou non)…… Le système devient intenable, d’abord de manière imperceptible puis d’une manière de moins en moins négligeable. La rapidité de la dégradation du système coercitif  dépend du rapport de force, lié à l’entrainement/travail  (ex : self défense), et à l’organisation/structure alternative (ex : Institution) des sédentaires…..
 
C’est bien sûr au cas où les colosses n’écoutent pas les explications. (Ce qui arrive dans 99% des cas !)
 
Vous noterez que ce moyen non violent est respectueux de mon éthique. Si j’étais à la place d’un colosse, je préférerai que l’on me « démontre l’évolution de ma place dans la structure » ainsi, plutôt que par une « insurrection violente » qui pourrait me blesser (moi ou mes proches).
 
En suivant mon analyse, aucune institution d’arts martiaux conforme à mon éthique,  ne peut avoir d’autres modes d’actions que le refus et le boycott.
 
Pour résumer, les arts martiaux (et je pense, le Krav Maga en particulier) peuvent vous permettre d’être une pilule plus dur à avaler que d’autres.
 
Le fait d’être instructeur vous permet de pouvoir former d’autres personnes convenablement et donc de pouvoir créer un pouvoir local suffisant pour pouvoir contrer un usage de la force sur une communauté géographique et soudée, ceci jusqu’à un échelon sous-institutionnel.  Il n’y a pas besoin d’être exceptionnel ou le meilleur dans sa catégorie, il suffit de connaitre son niveau (potentiel) pour savoir ce que l’on peut transmettre comme capacité. (Précision très importante : aujourd’hui, il n’y a pas besoin, à mon sens, de passer par cette étape, la sécurité est encore relativement bien assurée par les autorités même si on sent un recul des moyens policiers et judiciaires…..Mais il suffit de regarder les origines du Krav Maga pour savoir que cela est quelquefois nécessaire dans des sociétés en déshérence)
 
Si votre groupe se structure et devient une institution, la non-violence vous donne le moyen d’utiliser cette capacité d’opposition sous une forme efficace (sans gaspillage de ressource, de vie ou de santé) et institutionnelle. Attention, la non-violence ne peut être utilisé raisonnablement que par une institution : pas par un individu ou un groupe.
 
Rappelons que la non-violence n’est pas synonyme de passivité, au contraire, la non-violence demande des actions qui  peuvent amener une victoire infiniment moins couteuse que la violence si la compétence est là.
 
La non-violence, c’est le remplacement de la force/violence par l’intelligence.
 
En conclusion, un Art Martial de self défense ne doit pas viser, in fine, à former des compétiteurs parfaits (comme un art martial sportif ou un art martial de duel) mais des gens capable de s’opposer, avec différents moyens, aux graines de violence présentes, en permanence, dans toute société.
 
C’est ça, à mon sens, le plus haut stade de l’Art Martial de self défense (qui, pour moi, est l’Art Martial de « base ») : Celui qui nécessite le plus de compétence !


En effet, le but ultime de l’art martial :
 
-Ce n’est pas la maitrise ultime de la technique parfaite. (Qui, au passage, n’intéresse aucun militaire, à partir d’un certain niveau , ce n’est plus la qualité qui fait la différence car le cout de structure (entrainement et matériel) pour maintenir cette qualité devient trop grand). De plus un affrontement est tellement aléatoire que rien ne peut vous faire dépasser un certain plafond de réussite (C’est un aspect de la complexité étudié dans la théorie du chaos).
 
-Ce n’est même pas de gagner sans avoir à combattre. (Niveau intermédiaire)
 
-C’est de maitriser suffisamment  votre éthique (individuelle) et, à travers elle, la morale (institution, société) pour aider les chevaux et les cochers de toutes les consciences vous entourant à ne pas devenir violent…..pour pouvoir marcher en paix n’importe où.
 
Tous les exercices « ésotériques »  qui ont été présenté dans les arts martiaux orientaux (méditation, introspection, gymnastique avec visualisation, textes de sagesse, etc…) ne visaient que cela in fine (même si, accessoirement, la purification du psychisme (purification de l’ego) amène aussi une sensible amélioration des capacités) - Il vous suffit de regarder les origines religieuses (ex : bouddhisme)  ou de philosophie humaniste (ex : confucianisme) des différents exercices. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’y a pas de travail sur l’éthique en sport de compétition ou dans les armées. Les institutions concernées remplacent le travail sur l’éthique par l’apprentissage de la morale institutionnelle.
 
Les principes de la non-violence sont anciens mais avant Gandhi personne n’avait réussi à les mettre en place à une grande échelle. (Influencer pacifiquement la morale à l’échelle d’un pays….dans le temps d’une vie humaine) – Au passage l’hindouisme (la religion de Gandhi) à la base n’est pas spécialement une religion non violente.- Preuve que c’est l’humain et son éthique qui font tout. Absolument pas le message « révélé » et sa morale qui peuvent être amené dans un sens où l’autre suivant  les personnes s’en servant comme….institution.
 
Certains avaient théorisé la non-violence (Thoreau, notamment), mais Gandhi est le premier à l’avoir mis réellement en pratique, à avoir acquis une telle maitrise (il ne suffit pas de dire : je veux la non-violence, je suis juste et pas eux…), à l’échelle d’un pays et dans le temps d’une vie.  (Preuve empirique que ça marche, ce n’est pas un rêve ou un délire de philosophe).
 
Martin Luther King, au début de son combat, a dû apprendre également comment faire pour mettre en place un mouvement non violent. Preuve que ce n’est pas quelque chose d’évident ou d’intuitif.
 
Rappelons également qu’une institution peut déraper très vite. Gandhi a dû montrer très clairement à ses propres partisans, plusieurs fois, que la violence n’était pas acceptable et a renoncé à certains mouvements quand la violence apparaissait dans ses propres troupes.
 
D’où pour travailler et maitriser cet aspect éthique et institutionnel, un nom : l’AKNV. Le Krav Maga en lui-même ne devant jamais avoir un autre but que la self défense, Il faut donc deux structures distinctes pour travailler deux aspects opposés : self défense et éthique non-violente.
 
Car pour :
 
1-être un humain équilibré
et
 2-vivre en sécurité
 
Il faut plus que savoir se défendre, il faut savoir faire en sorte que la société qui  nous entoure, elle-même, prévienne la violence, par des moyens non violents. L’alternative ? Même les meilleurs prédateurs, dans la nature, ne meurent  pas de vieillesse.
 
Deux illustrations, pour ceux qui sont, malgré tout, tentés de se spécialiser (pour éviter de perdre du temps et/ou qui ne voit pas l’intérêt de travailler l’éthique non-violente), j’ai déjà parlé de Sparte qui a tenté l’expérience de se spécialiser dans la violence……….Elle n’a pas été capable de gouverner son « empire » quand elle a acquis le pouvoir sur les autres. Elle a gagné le pouvoir mais ne savait pas l’utiliser !
Un autre modèle que j’ai toujours trouvé fascinant est Shaka « Zoulou » Kasenzangakhona. Un individu qui possède un art du combat exceptionnel (à l’échelle individuelle et institutionnelle) qui créé ex nihilo un empire (à partir d’une tribu de pasteurs…..autant pour l’hérédité institutionnelle). Mais qui n’arrive pas à équilibrer sa vie et devient un fou sanguinaire.  Deux axes de réflexion pour les gens qui veulent réussir dans une structure (ou en-dehors…) uniquement en gagnant  la course à la domination.
 
Attention, néanmoins à ne pas faire de confusion, cette recherche éthique est différente de la recherche martiale. Elle est complémentaire de la self défense mais elle est différente. Je fais ces posts pour montrer à quoi cela ressemble, pour moi, aujourd’hui.
 
 A contrario, je ne vois pas ce que la pratique d’un kata ou une connaissance de l’exotisme oriental vous apportera dans votre construction éthique, malgré les discours mythomanes de certains (et pourtant j’ai cherché….). La preuve a été faite, pour moi, par le dévoiement des fédérations d’arts martiaux alors que les dirigeants sont des pratiquants hauts gradés……
 
Aucune recherche ne présente de manière scientifique un lien entre l’entrainement martial et le travail sur l’éthique. A ma connaissance, ce lien existe, aujourd’hui, de manière purement fortuite dans l’image populaire des arts martiaux mais il n’a jamais été intrinsèque. Malgré cet aspect « artificiel », je pense que ce lien est à conserver. Mais il faut faire un effort conscient et donc , à la base, individuel pour maintenir un lien qui n’est pas naturel mais ….. relatif à une décision humaine. (en suivant, en cela, une éthique !.....) .
 
Cet effort est très différent de celui à faire pour ingurgiter la morale d’une discipline, aussi bonne que soit cette morale ! (Entrainer le cocher ou le cheval noir ?)
 
Au Krav Maga, dans la version civile, (la version la plus aboutie, contrairement à ce que disent les idolâtres du kaki), cette recherche personnelle est généralement implicite, mais j’ai déjà entendu des moniteurs en parler pendant des cours comme d’un travail supplémentaire à faire en plus du Krav Maga a proprement parlé. C’est très bien ainsi, comme je l’ai signalé, un tel travail ne doit pas faire l’objet de trop de discours pendant les cours : on transformerait un travail sur l’éthique en Morale.  Les tentatives historiques de placer le travail sur l’éthique dans une morale n’ont pas très bien marché. J’ai donc tendance à m’en méfier.
 
Mais le fait de l’expliciter, en dehors des cours de Krav Maga, devient important car certains observateurs extérieurs pourraient ne pas voir cet aspect de la formation (en oubliant les valeurs exemplaires défendues par Imi Lichtenfeld, qui même en ayant servi dans l’armée, n’était pas un….militariste) ou alors s’en servir pour segmenter la discipline….. (Exactement sur le modèle des coups implicites qui étaient « présents » dans le Judo des origines…qui ont été « oubliés » dans le judo « moderne » …)
 
Au passage, c’est la raison pour laquelles les pratiquants de Krav Maga sont pour moi des kravists et des kravistes.
 
Le radical Krav- venant du Krav Maga
La terminaison en -ist (ou -istes) évoquant pour moi les disciplines de la Grèce classique (type pugilistes, pancracistes (oui, je dis pancracistes…), etc…..)  et notamment ses philosophes très vraisemblablement pratiquants : Socrate, Diogène et Platon (même si dans la République,  Platon dénigre le pancrace, il avait dû perdre ce jour-là ! )
 
Une manière concise de rappeler qu’en tant que pratiquant, il est indispensable de faire à la fois du Krav Maga et, discrètement , de la Philosophie (Plus particulièrement de l’éthique).
David Khan  a fourni l’idée de cette dénomination dans un de ces livres, mais il n’y met pas autant de choses que moi…
 
 
Pour le futur, si vous voulez des moyens pour vous protéger des trois pouvoirs de base :
 
Il faut :
 
-  Connaitre la Self défense (pour contrer directement ou indirectement le pouvoir coercitif)
-  Connaitre un Travail et savoir utiliser directement  des ressources dans l’économie domestique (pour pouvoir être indépendant du pouvoir redistributif)-C’est la partie la plus difficile….et là, mes posts n’y peuvent rien
-  Connaitre la Philosophie pour vérifier que personne ne se sert de vous à votre insu  (pour contrer le pouvoir persuasif) et savoir lutter de façon institutionnel avec la non-violence contre les trois pouvoirs.
 
 
Le plus « drôle » c’est que si mon hypothèse sur l’évolution de la société est juste, vous serez obligés de développer ces points…Le timing est, comme en combat, essentiel pour éviter de faire des efforts inutiles, car à contre-courant de l’évolution de la société.  Mais il faut garder en tête une évidence : il faut mieux le faire trop tôt que trop tard, c’est plus confortable.
 
En écrivant cette phrase, je repense à la parabole présentée par  Henry Plée d’un homme suspendu au-dessus d’un puits, accroché par les bras à la branche d’un arbre pour ne pas tomber.
Il ne sait pas comment sortir de cette situation
Il demande un conseil.
Une voix lui dit «  lâche tout »
Il demande un autre conseil
Personne ne répond
Finalement la branche casse et notre homme tombe à l’ eau
 
Le fait de lâcher et de ne pas attendre la rupture de la branche permet juste d’être un peu mieux préparé au plongeon et de ne pas prendre, en plus, le risque de recevoir  la branche sur la tête.
 


Coin culture
 
Deux œuvres m’ont marqué dans l’image de l’impact qu’un homme et son comportement peuvent avoir sur son entourage.
 
La première (optimiste) voit le héros influencer toute une ville en prônant des principes de non-violence, mais sans être lâche.
Il s’agit du film "les grands espaces" avec Gregory Peck

 

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La seconde (pessimiste) voit une institution suivre un homme dans une quête folle sans réussir à sortir de son influence. Il s’agit de Moby Dick de Herman Melville (Il y a eu des adaptations en film, dont une avec Gregory Peck). L’équipage du « Pequod » reste pour moi l’archétype des institutions en train de se perdre…. J’en vois beaucoup aujourd’hui….. 

 

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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE