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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 13:47


 [J’ai plusieurs fois eu des remarques sur la longueur de mes posts. Je dois dire que c’est long pour moi aussi ! Toutefois, c’est une nécessité (c'est l'expérience qui parle). Au vu des sujets sensibles que je traite, je suis obligé de bien cadrer mes propos pour éviter des incompréhensions ou un dévoiement de mes propos. Dans ce post par exemple, je traite du combat militaire. Je suis obligé de développer pour éviter qu’un quelconque lecteur puisse penser que je prends parti, en filigrane, pour, par exemple, un pays ou sur un positionnement quelconque vis à vis de l’armée et de ses missions. C’est d'ailleurs la raison pour laquelle je me réfère souvent à des exemples anciens beaucoup plus neutre "politiquement" (moins d’influence du cerveau singe ….) et donc permettant plus facilement un travail du néo cortex]

 

 

 
 
Un militaire qui se repose uniquement sur son expérience professionnelle pour vendre de la self défense à des civils est un ….ignorant ou un escroc.
 
Un krav-mytho qui prétendrait vous former au combat militaire moderne sur la seule base de son entraînement au "krav-raté" vous mettra en danger.
 
Pourquoi ces nuisibles individus peuvent-ils perdurer dans nos sociétés où l'information est, soi disant, reine ?
 
 
Parce qu’il existe une très grande confusion entre la self défense et le combat, notamment le combat militaire.
 
(Même dans la communauté des artistes martiaux : Je pense notamment à tous les pratiquants des disciplines martiales cérémonielles qui n’ayant pas, dans le cadre de leur discipline à faire de recherche sur la réalité contemporaine de la violence se contentent, sans même s’en rendre compte, d’une approche aussi biaisée que celle d’une personne non pratiquante....)
 
La différence entre les deux approches vient du fait que la self défense commence dans la violence de basse intensité pour ensuite, éventuellement, passer dans la violence de forte intensité, alors que le combat (notamment militaire) est, par définition, dès l’origine dans la violence de forte intensité et n’a pas vocation à redevenir une situation de violence de basse intensité (Même s’il peut, dans de rares conditions, commencer en violence de basse intensité).
 
Ainsi supposons que vous soyez un soldat en temps de guerre. Vous voyez quelqu’un à 20 mètres de vous. Si la personne s’approche de vous, vous êtes en droit, après les sommations d’usage d’ouvrir le feu. De même si vous voyez quelqu’un qui porte l’uniforme de l’armée opposée vous êtes également en droit d’ouvrir le feu sans délai… (C’est même recommandé….). J’ai schématisé, comme toujours :  pour éviter les abus et les erreurs, il y a normalement des règles d'engagement que doivent respecter les soldats. Mais vous êtes « normalement » dans un cas où la violence est de forte intensité. Il est très rare que vous ayez à gérer seul un adversaire proche de vous (sauf dans le combat de rue et dans l’investissement d’un bâtiment…un cauchemar d’ailleurs pour les armées de toutes les époques : voir, par exemple, la prise de Carthage par l’armée romaine ou la plus récente bataille de Falloujah).
Vous êtes, normalement, dans des situations où la violence est de forte intensité. Vous n’avez pas à réfléchir pour savoir si vous êtes en situation de combat ou non. De base, vous êtes (et vous restez) dans une situation de combat où il faut « juste » savoir séparer l’ennemi de l’ami (tâche difficile surtout de loin, de nuit et avec des uniformes poussiéreux….) et où vous pouvez utiliser la totalité de votre armement, sans souci de proportionner la « riposte ».
 
Dans la self défense, au contraire, la violence est de basse intensité : Vous ne savez pas à l'avance que vous allez faire face à une attaque : il n’y a pas de déclaration claire dans ce cas (si quelqu’un tient une arme léthale, c’est une déclaration claire…..) et il est, éventuellement, possible de faire renoncer l'autre (Là nous sommes à la frontière avec la protection personnelle) ou que la montée en violence soit limitée. C’est une difficulté supplémentaire : Légalement, aujourd’hui, il ne faut pas être celui qui commence à augmenter l’intensité même si vous subissez une agression.
 
De  plus, vous ne pouvez pas établir, en permanence et dans tous les environnements, un périmètre défensif autour de vous (interdit à tous les êtres humains sous peine de combat) et avoir, également en permanence, une arme dégainée à la main. (Sauf si vous êtes complètement psychopathe …). C'est la raison de l'importance de la main nue dans une discipline de self défense contrairement aux disciplines spécialisées dans le combat....
 
 
Autre point particulier, dans une situation de self défense, l’attaque peut venir de n’importe où. D’où l’importance de travailler (attention, pas seulement de connaître…..) les défenses venant de tous les côtés et à toutes distances car un agresseur peut débouler de votre côté, de votre arrière ou être juste à cote de vous, voire en face (sans doute l’exception dans la self défense ... contrairement au duel ou au match sportif…).
 
Vous voyez que les problèmes techniques ne sont pas les mêmes.
 
-          Dans la self défense, votre adversaire peut venir de n’importe où (de côté, de derrière, en fonçant sur vous) alors que : vous n’avez pas d’arme, votre arme n’est pas prête ou votre arme a été saisie par surprise …..  et sans que vous (ou votre groupe)  soyez « en position ».
-          Dans le combat par contre (et notamment le combat militaire moderne ou dans celui des forces d’intervention de la police) la problématique est, normalement, autre : La direction de la (ou des)  menace(s) est (sont)  clairement identifiée(s) et les armes (les vôtres et celles de votre groupe)  sont prêtes à faire feu, à suriner ou à frapper (pas de délai pour sortir l’arme du holster/fourreau et la protection est assurée sur tous les côtés du périmètre défensif par le groupe).

exercice-conjoint-des-forces-speciales-en-corse-1.jpg

                                                                                                                            Sources : EMA

 

                                                     Ici par exemple, pas besoin de boxe, de bâton ou d'avocat....

                  Ce n'est pas parce que la technique militaire est supérieure, c'est parce que le CONTEXTE est différent.

                   (vous remarquez que chacun des membres du groupe couvre un angle d'attaque potentiel avec un renforcement sur l'angle le plus probable : L'avant ...)

 

 

Vous voyez que les difficultés techniques sont totalement différentes. Nous sommes dans deux mondes qui communiquent (une situation de self défense peut évoluer en combat, une situation de combat peut évoluer en self défense si, par exemple, un adversaire a réussi à s’approcher de vous à votre insu et à neutraliser votre arme) mais où les problématiques et les réponses sont différentes.
 
Au passage vous noterez que le iai jutsu et les techniques de ju jutsu étaient des développements de self défense liés à l’escrime médiévale japonaise. L’escrime (ken jutsu)  n’est pas une self défense puisque vous partez d’une arme dégainée….

Dans cet esprit, le judo et l'aikido m'apparaissent comme des self défense "pures" qui ont oublié la suite (Hojo Jutsu/Do ou Ken Jutsu/Do). Ce qui les disqualifie de la self défense "globale" réelle puisque la réalité n'est pas prise en compte :La clé ou la projection en début de combat est l'exception plutôt que la règle. Il faut que l'attaque soit mauvaise pour que dès le départ ce type de technique passe.

 

Toujours suivant mon analyse, le Karaté et les "Kung fu" m'apparaissent comme des arts de combat mais pas comme des self défense. Oui, je sais, "On" va me dire qu'ils existent des techniques de réaction aux agressions. Mais combien de fois sont elles travaillées pendant une année ? Quelle est le retour terrain qui permet de valider en permanence (voir le post avec Diogène) l'efficacité technique et pédagogique ? (pour un art cérémoniel ou un art historique, je suis d'accord, ce n'est pas un problème....)
 
Vous noterez également, par exemple, qu’un soldat d’Alexandre le Grand, pour le combat militaire avait une compétence pour tenir la sarisse et manœuvrer avec la troupe mais n’avais pas de compétences particulières dans la self défense. Notamment  la capacité à se défendre seul sous tous les angles n’était pas travaillée pour de tels soldats. La phalange macédonienne était d’ailleurs très vulnérable sur les flancs et sur l’arrière car les soldats étaient incapables de mettre en place une défense, individuelle ou par petits groupes, efficace.
 
L’armée romaine avait d’ailleurs une organisation plus souple (manipule) pour pouvoir être plus adaptable. Mais là encore le légionnaire romain apprenait à se battre, en combat rapproché, au bouclier et au « glaive ». Dans un contexte civil (où le soldat n’avait pas plus de droit qu’un autre citoyen romain) ou de pacification, un légionnaire ne se promène pas avec son bouclier………(Surtout quand c’est le moment de dresser le camp et qu’il faut couper du bois ou creuser le fossé…..tous les soirs……)
 
Cette différence entre le combat militaire et la self défense est encore plus accentuée de nos jours où le soldat moderne a un armement à distance suffisamment puissant pour que l’adversaire soit annihilé dès qu’il est détecté. (En général en détectant l’origine d’un tir….). Il n’y a pas de possibilité pour l’autre de s’approcher. Sauf s’il accepte de ne pas prendre en compte, pour lui, la problématique de sortie ultérieure de votre périmètre défensif après son action.
 
C’est ainsi que les juramentados philippins utilisaient les armes blanches dans une action suicidaire pour attaquer des soldats américains (marines) possesseurs d’armes à feu . C’est la raison de l’adoption du cal 45 pour la self défense du soldat, que l’on n'a pas le temps d’entraîner à des réactions de défense (qui doivent normalement partir de la main nue pour reposer sur le plus rapide à utiliser). Le cal 38 n’avait pas assez de puissance d’arrêt pour arrêter net l'assaillant.

Il suffit juste d’avoir le temps de dégainer. ( 10 mètres à peu près, expérimentalement, pour avoir le temps de sortir une arme à feu contre une attaque à l’arme blanche ……).

 

Bien sur, Il n'y a aucune solution miracle. Mais sur quoi préférez vous compter pour réagir à cette agression et limiter les dégâts initiaux pour pouvoir entamer le combat (éventuellement avec votre cal 45 de dotation si vous le pouvez ...) ? Une réaction naturelle, mais améliorée, de vos mains ou de vos pieds pour gagner les quelques secondes nécessaires ou un réflexe artificiel (dégainer, i.e. le "iai colt") qui doit faire l'objet d'un entrainement continu et d'un matériel sans faille. (je pense à l'étui avant même le cal 45 en lui même) ?

 

Je vous rassure : Ce problème fondamental de self défense "pure" avait été vu et le matériel avait été adapté: les "marines" américains avaient une bande de cuir à placer autour du cou pour protéger cette cible "prioritaire" des machettes des juramentados. D'où le surnom de "leatherneck" des "marines". On a "transformé", grâce à un matériel adéquat, une compétence en combat à distance en une compétence de self défense/combat rapproché. C'est encore une preuve que l'une et l'autre sont différentes et ne doivent pas être confondues.  
 

 

La différence est donc claire :
 
Un kravist est formé pour la self défense  (attaque de tous côtés, avec diverses distances de départ de l'attaquant armé d’un éventail d’armes contemporaines) et sa suite, le combat rapproché contemporain avec une intensité variable (civile, policière, militaire) car on ne sait pas à l’avance comment une situation de confrontation peut évoluer.
Ces deux aspects de la self défense sont généralement regroupés sous le terme générique de self défense qui couvre à la fois la self défense en elle-même (= la réaction à l'agression ) et le combat éventuel qu'il est nécessaire de savoir mener si la technique de self défense n’a pas arrêté définitivement l’agression. (Rappelons néanmoins que le Krav Maga n'est pas spécialisé dans le combat contemporain rapproché  contrairement à d'autres disciplines).
 
 
Un militaire, y compris dans les forces spéciales, lui, est principalement formé pour le combat militaire moderne (à distance et avec arme à feu = intensité forte, il n'y a pas d'alternative possible) et très très accessoirement formé (ou préparé) pour la self défense et le combat rapproché contemporain (avec uniquement une intensité forte car il n’y a pas d’utilité, normalement, de le former à la self défense policière ou civile…..).
 


En résumé :

 

Un combattant (moderne ou pas) est spécialisé dans le combat de forte intensité. Actuellement c'est le combat à distance avec une arme à feu qui est quasi exclusivement travaillé. 

Un Kravist, ou une personne travaillant la self défense, doit équilibrer la self défense (=la réaction à une agression) et le combat rapproché car il ne sait pas comment une confrontation commence et comment elle peut, à priori, évoluer.
 
 
 
Une fois que vous faites cette séparation entre les deux approches, Il est facile de ne pas confondre les kravists avec des krav-mythos (ou des militaires qui s’improvisent professeur de self défense).


Le coin culture


Un exemple de discipline de combat rapproché spécialisée(qui évite l'écueil de l'exotisme......)

 

Vous noterez que la technique, à la fin, est faite sur un adversaire qui arrive de face et que pour utiliser le Panache (=combat) tel que démontré précédemment dans la vidéo, il faut savoir se dégager d'un étranglement (=self défense). Ce que la dame fait très bien dans le contexte de deux mains encombrées avec ..... un coup de genou aux parties......pas mieux !

 

 

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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 09:30

Voilà le moment venu de prendre du  recul sur ce blog. Je repasserais peut être mettre un post ou deux mais je ne pense plus l’alimenter de manière aussi régulière. J’ai fait 36 posts (les amateurs de la culture chinoise apprécieront) "consistants" en un an et demi. J’ai bien évidemment des choses à ajouter mais j’ai également d’autres projets à mener.

J’espère sincèrement que blog vous sera utile , amis lecteur et amies lectrice, et que les divers posts vous inciteront à creuser votre discipline et son rapport avec l'Art Martial.  Nos disciplines peuvent être différentes (self défense, sport de combat, art cérémoniel, art historique), si notre compréhension de l’Art Martial se rejoint, je suis persuadé que nous nous épaulerons naturellement dans les temps qui viennent.

Par ailleurs, j'ai appris qu'au bout de 45 jours, Overblog met d'office de la publicité sur le blog, de la publicité très visible. Sachez que je n'y suis pour rien et que je ne touche rien. N'hésitez  pas à copier les textes sur d'autre support. Comme je l'ai signalé dans ma présentation, c'est sans problème pour moi sous certaines conditions. (signaler l'origine et ne pas en tirer profit).

Enfin pour finir merci à tous ceux et celles qui m'ont écrit, encouragé et qui ont partagé mes posts sur leur page facebook ou sur leur site. Ce fut un réel plaisir de voir que mes écrits recevaient un écho favorable et mesuré même au dela de la communauté du Krav Maga. Cela a été le facteur principal dans mon choix de traiter des sujets "sensibles", mais qui dit sensible dit plus intéressant et  plus important.


Kraphi, vice président de l'AKNV
 

Ci dessous quelques sites avec des textes ou des dessins sur le Krav Maga que je trouve en accord avec mon blog (et souvent la réciproque est vraie :-) ).

Des textes pour réfléchir

http://krav-rennes.com/
http://kravmagaparis.com/blog/


Des bandes dessinés humoristiques pour relativiser la discipline

http://kheireddinec.blogspot.fr/
http://monkravmaga.blogspot.fr/

 

 

 

 

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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 09:12

 
"Il n'y a que deux puissances au monde : le sabre et l’esprit, à la longue le sabre est toujours vaincu par l'esprit"

Napoléon.

"Ceux qui aiment la paix doivent apprendre à être organisés aussi efficacement que ceux qui aiment la guerre"

Martin Luther King
 
 
Dans les hypothèses de la deuxième saison  de ce blog, il y a l’hypothèse centrale que  nous allons bientôt connaitre de nombreux changements sociaux liés à la Dislocation de notre société technoconsommatrice.
 
Si cette hypothèse est vérifiée, nous allons être soumis à des choix incessants pour orienter notre vie. Certaines de nos valeurs/nécessités vont se retrouver en contradiction entre elles (justice, sécurité, confort, niveau de vie, indépendance, individualisme, liberté, etc.….). 

Des choix cornéliens devront être faits par chacun, aboutissant, in fine, à la lutte, la fuite ou l'inhibition (cf H. Laborit).
 
En profitant de la confusion qu’engendre un arbitrage aussi délicat, certains pourraient conquérir une position de domination dans la société par des moyens peu démocratiques. Il faut donc mieux réfléchir avant, à froid, sur l’arbitrage entre les trois comportements que l'on estime le plus adéquat pour soi avant que quelqu'un ne le fasse pour vous. (néo-cortex plutôt que reptilien ou mammalien).

L'histoire montre que les "artistes martiaux" courent des risques particuliers  en cas de dislocation.

Ainsi, dans l'histoire de la Chine, vous avez un exemple d'alliance décidé, en suivant la solution la plus facile (=sans le néo cortex), par des artistes martiaux, qui aboutit, in fine, à une fusion entre les arts martiaux et le banditisme (d'où les triades....).

Ce n'est pas que de l'histoire ancienne. Vous avez aussi eu, plus récemment, un mouvement fort des pratiquants d'arts martiaux vers les mafias pendant la dislocation de l'URSS (1990).
 
Le choix de la violence ou de la non-violence est typiquement un choix fondamental mais difficile à faire. D’autant plus que les leaders non violents ont souvent une durée de vie (professionnelle ou non ) courte quand les choses deviennent sérieuses, notamment quand l’accès aux ressources est en jeu :( Cf. Jean Jaurès et l'échec éducatif de Confucius)
 
Aujourd’hui tout le monde semble retenir la violence comme la seule action susceptible de changer quelque chose. (« Faut que ça pète ! Ca va péter !..... »)
 
Or comme le dit le proverbe :  "Quand un homme tient un marteau, tout ressemble à un clou"
 
J’ai donc décidé de clôturer cette saison du blog en parlant de la non-violence, collective par définition dans l'action (mais individuelle dans le choix ! )  et en donnant des précisions pratiques afin de proposer une alternative à la violence en gestation pour affiner la liberté individuelle du choix ….. et la responsabilité associée.
 
 A ma connaissance, ce sujet n’est discuté (avec discrétion J ) que dans l’AKNV ;-). Il ne concerne donc aujourd’hui, directement aucune fédération de sport, d’art martial ou d’éducation populaire. Mais il ne faut pas que cela vous empêche de réfléchir sur le sujet car je pense que maintenant le temps est compté..... (au grand maximum, je pense, encore quelques années)
 
Après, ces préliminaires, entrons dans le vif du sujet :
 
Tout d’abord rappelons que la non-violence nécessite la capacité de faire usage de ces capacités pour résister et vaincre….. (Comme le disait Gandhi, personne ne dira que la souris est non violente avec le chat).
 
Une formation/préparation en self défense (ou dans des domaines connexes : protection personnelle et autres résiliences), y compris de manière collective,  n’est donc pas forcément incompatible avec une éthique et une morale de la non violence (qui par nature est collective).
 
Toutefois, une formation/préparation avec une telle éthique et un tel projet de vie doivent être soumise à des contraintes fortes.
 
Pour comprendre ces contraintes, allons dans la Chine du 16eme siècle au monastère de Shaolin  (aujourd'hui il vaut mieux l'éviter....).
 
A cette époque, le monastère Shaolin rayonnait dans la Chine. Ce monastère était un centre religieux, universitaire  et …….  militaire.
 
bache_f.jpg
  (une vue d'artiste du monastère dans un dessin animé récent)

Intéressons nous à ce coté militaire, comment s’est il lié à une  religion non violente ?
 
A ces débuts, au 5eme siècle, le monastère Shaolin abritait déjà des moines spécifiques dédiés à la protection du temple. Ces moines, à cette époque, étaient armés comme tous les guerriers de l’époque (épée, lance, bouclier, etc…..)
Puis ensuite, jusqu’au 16eme siècle, les moines guerriers ce sont spécialisés dans le bâton long (Même s’ils connaissaient toujours l’armement classique et ses caractéristiques….).
Pourquoi cette spécialisation dans le bâton ? Dans son livre de référence sur Shaolin "The Shaolin Monastery", Meir Shahar estime que c’est par imitation d’une divinité bouddhique et d’un outil de rituel.
 
Cette explication est sans doute en partie vraie.
 
A mes yeux, elle est toutefois à compléter.
 
Pourquoi avoir choisi, pratiquement, le bâton pour les combattants du monastère Shaolin ?
 
J’y vois trois avantages majeurs
 
Le premier, vous disposez d’une arme "passe partout" qui ne peut être interdite par aucun pouvoir. Vous pouvez disposez de votre arme en tout lieu.
 
Second avantage, cette arme ne peut être comparée, en termes d’efficacité, avec l’armement classique. Une lance est factuellement plus efficace qu’un bâton. (sans parler des arcs et autres arbalétes)  Vous avez donc une arme qui n’est pas suffisamment dangereuse en elle même pour justifier une intervention directe et massive de la part des autorités mais qui permet de lutter contre les formes de violences infra-autorités. (Surtout quand votre gouvernance « supérieure » vous permet d’être plus nombreux, plus motivés et plus entrainés qu’une bande de maraudeurs )
 
Si vous êtes dans une optique de non violence, vous avez une limite politique : si vous disposez d’un armement trop puissant, vous devenez un sujet de préoccupation pour l’autorité du pays (Ce fut le cas des "sohei" au Japon, par exemple, qui n'ont pas limité leur armement contrairement aux "shaolin".....) Vous êtes donc condamnée à perdre votre liberté si vous êtes trop « efficace ». (Ou alors, vous réussissez à devenir l’autorité suprême mais c’est un but inutile en cas de Dislocation). Paradoxalement, vous devez donc, limiter votre capacité pour pouvoir maintenir votre liberté.
 
 
 
Le troisième avantage, le plus important sur le long terme : vous ne dépendez pas d’une fourniture de matériel "exogéne" à votre organe politique. En effet, en prenant le cas de Shaolin, si vous aviez envie de vous armer c’était très simple, vous alliez dans les bois et vous trouviez votre armement sans problème.
Par contre, si vous vouliez des armes classiques (épées, arbalètes, etc.….), vous deviez avoir une fabrique d’arme dans votre monastère ou à l'extérieur de celui ci. Vous deveniez, sur le long terme, dépendant d’un complexe militaro industriel (un pouvoir intérieur) ou alors vous deveniez dépendant de votre fournisseur (un pouvoir extérieur).
Vous aviez des armes mais paradoxalement, elles devenaient une source d’aliénation et non pas des outils pour assurer votre liberté.  
 
On peut ainsi imaginer que pour se maintenir, le complexe militaro industriel bien qu’« interne » finisse par livrer des armes à l’extérieur de son « hôte » quand son cout d’infrastructure "propre" devenait trop élevé pour son hôte. (Un rapport avec notre monde moderne, vous croyez ?).  Un « délire » qu’une sémantique bien huilée aurait pu cacher …..
 
plan_shaolin.gif
(Le plan du monastère historique révélé par .... G. Funakoshi)

En conclusion : Le monastère Shaolin était riche: s’il a décidé de ne pas suivre une voie classique dans l’armement, c’est pour une autre raison qu’une limite matérielle. Je suis persuadé que  les responsables bouddhistes (et donc non violents) de Shaolin avaient analysés l’impact à long terme d’une force armée classique présente dans le temple. Ils ont alors décidé une spécialisation de leur force armée dans le bâton long, suffisant pour répondre à un besoin de protection individuel ou de petits groupes mais n’entrainant pas le risque d’être perçu, institutionnellement, comme une menace par le pouvoir.


La rusticité de l’arme élue écartait également le risque d’une prise de contrôle de Shaolin par un complexe militaro industriel et empêchait une fétichisation pathologique (et pécuniaire....) de l’arme (du style le sabre est l’âme du samouraï…)

 

 
De nos jours le parallèle peut être fait avec le matériel militaire.
 
Toute organisation non étatique dans un pays qui utiliserait du matériel militaire serait légitimement la cible des autorités qui mettrait en place des mesures, éventuellement spécifiques, pour éliminer la menace (cf la naissance de l’anti gang en France et le Code de la sécurité intérieure).

Ce qui me semble tout à fait sain. Je n’aimerais pas que, dans mon quartier, un groupe (quelque soit ces caractéristiques « éthiques » et "morales") puisse, pour le loisir, s’entrainer régulièrement avec des armes à feu, des explosifs, etc.....
 
De plus, la provenance des armes, par  un fournisseur de matériel militaire « extérieur », met en position d’inféodé de fait et permet toutes les  manipulations. (Cf les groupes de libération de pays, armés par des puissances étrangères ….).

Quand au problème interne du complexe militaro industriel,…"Ike" Eisenhower et M. Pierre Marion se sont déjà exprimés sur le sujet… 
 
Une préparation au combat rapproché  dans une finalité non violente doit donc être encadrée par les modalités spécifiques pour acquérir un potentiel sans qu’il puisse devenir une source d’aliénation.
 
 Ainsi avec un entrainement efficace et un refus d’entrer dans une course à l’armement avec les autorités (ou leur équivalent), vous empêchez la violence de basse intensité (vous êtes trop fort pour une bande de pillard ou une mafia) et vous empêchez la violence de haute intensité (vous êtes trop « pas doué » et pas assez manipulable pour être incorporé dans une « force militaire » ou être un souci pour elle….).  
 
Un apprentissage de la self défense peut donc tout à fait se retrouver dans une démarche non violente.
 
Mais contrairement à une mentalité guerrière qui postule une recherche permanente de l’accès à des armes de plus en plus efficace et où le combat rapproché n’est qu’une étape parmi d’autres (ensuite armes à feu puis RPG, tanks, porte avions, bombes nucléaires, etc….. the sky’s the limit !).
Une mentalité non violente entraine un choix d’arme limité par les risques d’évolutions à terme pour l’institution et la société.
 
Le Tao Te King en parlant d'une auto-limitation aux appétits pour garantir sa liberté ....ne traite pas uniquement du niveau de vie.....
 
Petit aparté
 
J’ai en tête au moins deux manière dont la violence peut s’inviter chez vous et ensuite élire domicile.
 
Le premier exemple se trouve dans le livre « Même les tueurs ont une mère » de Patrick Meney. Dans ce livre, Patrick Meney retranscrit le témoignage de Marwan.  Marwan a servi dans les milices pendant la guerre du Liban (au passage, son ami d’enfance a servi dans le camp d’en face, il a eu droit à la même "éducation"… Les deux camps se ressemblent beaucoup…).

Pour Marwan, la guerre a commencé (à quinze ans !!!) quand désireux de protéger sa famille et son quartier, il a appris à tirer avec un « instructeur bénévole ».  Au fur et à mesure, il apprend de plus en plus de techniques pour « se défendre » mais cela devient inutile : plus aucun « opposant » ne reste dans son quartier. Après cet apprentissage, lassé, il refuse d’aller au combat sur le front. Son instructeur vient le voir en lui disant que s’il ne vient pas, ses deux petites sœurs seront tuées… En utilisant à la base un désir de protection, l’instructeur a transformé Marwan en petit soldat qu’il va pouvoir utiliser…

Pour la sécurité, en ce qui concerne sa famille, dans les faits, la situation n’a absolument pas changée. Pire, elle se trouve menacée par l’instructeur de Marwan, et....... par Marwan, lui même, qui en arrive à  tuer des « civils de son camp» dans son propre quartier emporté par son ivresse guerrière….

A noter que différentes anecdotes montrent que l’humanité de Marwan est descendue très bas. (Certains passages du livre sont atroces….). Toutefois, il a tenu à faire ce témoignage car il estime que lui n’a pas eu la chance de comprendre le piège de l’instruction « militaire » hors d’un cadre démocratique (gouvernance, encore et toujours !). Il espèrait que son témoignage empêcherait certains de tomber dans ce piège……
 
Un autre exemple, plus d’actualité, est la manière de procéder de la GD un parti/ une organisation extrémiste en Grèce. Le modus operandi doit être connu pour comprendre le risque de faire appel à eux même en cas de danger.
 
Il se déroule en trois étapes.
1-      Un contact est établi avec quelqu’un qui demande de l’aide (violence dans le quartier, voleur dans le quartier, etc….). Le contact est assez facile: même la police « officielle », si on l’appelle, vous impose de faire appel à la GD en cas de problème….
2-      Le GD envoie une escouade régler le problème (Eventuellement si la source de trouble a disparu, elle trouve autre chose à faire comme détruire la maison d’un voisin « politiquement incorrect »)
3-      Ensuite régulièrement la GD vient demander des services, de l’argent, des couvertures, etc.….
 
La protection est alors assurée mais la personne s'est mise dans une position de racket et de complicité……
 
 Je ne sais pas comment finira la crise/la dislocation en Grèce, mais je suis sur que s’affilier à une organisation avec de telles méthodes n’augure rien de bon. (Vous devenez, ce que vous faites…..Ethique…)
 
 
De manière plus globale, je pense que la violence permet également toutes les manipulations. Souvenez-vous, pendant la deuxième guerre mondiale, de ces partisans dans certains pays, qui assassinaient des sentinelles ennemies. Ceci déclenchait des représailles contre la population. Et la population de passive devenait violente, manipulable  et surtout révolutionnaire (les partisans prévoyaient en général la prise de pouvoir après la guerre….). Donc méfiance dès que la violence entre en jeu. L’ennemi de mon ennemi n’est pas forcement mon ami.
 
 
Fin de l’aparté
 
 
Je pense que la principale source de violence dans la Dislocation à venir sera la lutte pour avoir un accès aux ressources.
 
Ce qui donne deux attitudes
 
 
-          Lutter pour avoir des ressources
 
Ce qui entraine une consommation de ressources pour avoir des ressources. Un genre de cycle infernal qui épuise mathématiquement votre niveau de ressource si vous avez déjà consommé la moitié des ressources. (C’est notre cas, cf rapport Meadows et étude du peak oil). Bref ca défoule ! Mais sur le fond, c’est inutile voire contreproductif.
 
-          Arbitrer sur ce qu’il est possible de garder
 
Ce qui entraine un arrêt de  certains aspects de votre vie quand les ressources ne vous paraissent pas suffisantes et/ou bon marché pour assurer le maintien de ces aspects. Cela ne veut pas dire que l’on se laisse faire mais que l’on sait identifier quand la résistance (non violente ou pas) coute plus cher que l’abandon.
 
 
Si vous êtes passif ou dans une logique de violence, on arbitrera pour vous.
 
- C’est évident si on utilise la coercition sur vous ou si vous perdez.(et oui, cela arrive)
- c'est moins évident mais tout aussi vrai si vous êtes embrigadé dans une structure, même victorieuse. Cela veut également dire que ce n’est pas vous qui décider de la répartition (sauf si c’est une structure démocratique…ce qui est conceptuellement impossible sur le long terme si elle utilise la violence, cf Galbraith et le mécanisme du pouvoir)
 
Si vous rentrez dans une logique de non violence, vous pourrez arbitrer : individuellement ou en prenant part à un groupe avec un processus démocratique ET non violent (pour que le processus reste démocratique).
 
     Je pense que c’est le meilleur compromis que l’on puisse espérer. La dislocation est en route.  Nous allons tous y perdre des plumes. Il ne reste plus qu’a espérer que nous pourrons choisir les plumes….et qu’elles ne partiront pas trop vite.
 
La Dislocation devant nous milite fortement pour la mise en place d’une solution de non violence. Je pense que c’est la meilleure solution. (Si nous étions dans une période de « Construction », mon point de vue serait beaucoup plus nuancé)
 
Divers exemples du passé éclairent mon propos ( et vous donneront des pistes pour la suite sans devoir passer par un quelconque gourou .....)
 
Gandhi et l’émancipation de l’Inde par la non violence est, par exemple, un cas à étudier. L’empire britannique était en dislocation: la non violence a permis de traiter le problème politiquement sans passer par une guerre de libération. (Mais même dans un empire en construction, je pense, que Gandhi aurait pu établir un accord plus avantageux pour l’Inde – voir le post sur la dialectique du maitre et de l’esclave).
 
 
Des traditions ( certaines d'origines religieuses, d'autres non; par exemple, Thoreau avec sa désobéissance civile) montrent que dans une période de dislocation, une démarche non violente est la meilleure solution pour optimiser le "changement d'ére".(Ex: Solidarnosc à la fin de la Pologne "soviétique" reprenant l'idée de la désobéissance civile ).

Les auteurs de ces traditions non violentes (souvent différents du personnage "officiel" mis en avant)  ont d’ailleurs vivement insisté pour que les différentes méthodes (il y en a plusieurs, même dans une seule tradition, chacune avec ses avantages et ses défauts…) soient diffusées pour que le message essentiel ne soit jamais oublié.

Comme toujours des bas-de-plafond éthiques se concentrent sur les méthodes spécifiques de chacun des auteurs (vise le cheval noir, cf. mythe du chariot ailé) en oubliant le but premier (permettre au cocher de devenir indépendant le plus possible des chevaux et choisir le chemin le plus « humain ») et en cherchant à fragmenter l'Humanité. (Cela rappelle quelque chose, non ?...)
 
Ces traditions non violentes à travers une survie dans le temps ont prouvé leur résilience (même si aucune n’est parfaite, mais dans la réalité rien ne peut être parfait....).
 
L'aspect tradition est important, non pour une raison transcentale mais au contraire pour une raison très pragmatique. Une tradition ayant perdurée sur un long laps de temps permet de connaitre, à travers l'histoire, les travers/problèmes fréquemment rencontrés par ces traditions et donc de mettre en place des améliorations pour la suite. (En clair, pour qu'une tradition soit utile, il faut un "Diogène")
 
Je pense que les valeurs mises en avant dans ces traditions doivent être des guides/aide-mémoires/boussoles pour notre comportement dans le crépuscule économique et sociétale qui nous attend (et qui a déjà eu lieu dans le passé pour l’humanité à intervalles réguliers…..c’est la raison pour laquelle ces traditions existent et perdurent. Ce sont les premiers manuels de « survivalisme »: à garder même quand tout va bien......)
 
Elles offrent une alternative au célèbre discours de comptoir (ca va péter !). Bref elles permettent de sortir du cerveau reptilien, (le célèbre « lui ou moi », un mantra que ressasse sans cesse Marwan le tueur ) en proposant "des" troisièmes voies.

J'estime important d'insister sur ces traditions/expériences (même si c'est un peu explosif dans le contexte actuel de sous-évaluation/dénigrement de la valeur des traditions) car la Morale d'une société amène souvent dans un premier temps des solutions "non fonctionnelles". (cf l'île de paques et la construction des moais qui devait résoudre les problèmes de .... nourriture).

Nous avons, je pense, actuellement ce type de "fausses solutions" présentées pour des motif plus politiques que scientifiques/expérimentales (fusion froide, gaz de schiste,   révolution des 99%, croissance durable, etc....). Les "fausses solutions" sont un fléau. Elles engendrent, in fine, un espoir déçu dans la population qui ne peut qu'alimenter la rancoeur, rancoeur pouvant alimenter la violence (de haute ou de basse intensité).
 
Or ces traditions non violentes ne sont pas "parfaites" sur un point majeur. Historiquement, elles ont prouvé leur défaut dans le face à face avec une violence aveugle de basse intensité.
 
L’Art Martial de self défense (qui je le répète ne doit jamais amener à traiter directement de philosophie, de religion ou de choix de vie)  permet une combinaison qui n’a jamais été tenté sauf ..... au monastère de Shaolin.

Mais, il n'y a pas besoin d'étudier le bouddhisme et de faire un stage en Chine pour acquérir cet esprit originel du monastère Shaolin.

Il suffit d'étudier une des traditions non violentes facilement accessibles dans notre culture (l'approfondir, la comparer puis la critiquer......) et de pratiquer un Art Martial de self défense.
 
En établissant une passerelle (pas un mélange) entre des méthodes traditionnelles non-violentes (travail sur le cocher, pas les chevaux ! = art libéral ) testées par l’Humanité et l’Art Martial de self défense ( par définition également un art libéral), nous avons, je pense, une combinaison efficace ouvrant une voie quasi-inexplorée  pour traverser cette nouvelle Dislocation.
 

 Coin culture

Mêmes contraintes, même solution

 

Gang-sari-rose.jpg

                                                                                    (le gang des saris roses)

 

J'espère juste que la gouvernance est au point car cela peut vite déraper..... (racket, détournement de fonds, etc....)

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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 10:55

La self défense est éducative
Imi Lichtenfeld

 

 

Comment le Krav Maga un Art Martial ?
 
Oui et nous l’allons montrer tout à l’heure !
 
Mais d’abord qu’est ce qu’un Art Martial ?
 
Et là je vais devoir faire un long détour pour bien définir ce qu’est un Art Martial. (Notez les majuscules)
 
Pour cela remontons au premier vendeur historique d’arts martiaux : le Japon.
 
 
Commençons par le discours classique sur l’évolution des "arts martiaux" japonais (notez les minuscules) :
 
Précision
 
les termes  Bujutsu et Budo, en tant que tels, peuvent être utilisés dans tous les sens. Même un historien spécialisé dans les arts martiaux comme Karl Friday doit définir, dans ses livres, ce qu’ils entend par ces termes. En précisant bien que c’est lui qui impose le sens de ces mots. J’ai pris, ici,  le sens qui correspondaient à la compréhension générale de nos jours dans la communauté des artistes martiaux.
 
Fin de la précision
 
Donc d’après le discours habituel :
 
- A l’origine nous avions les « bu - jutsu », ("les techniques de guerres" ) qui étaient enseignés  « à la dure » à des « samouraïs ». (notamment pendant l’ère du Sengoku)
- Puis durant l’ère d’Edo (une paix imposée pendant 250 ans), ces arts martiaux se transforment et deviennent de plus en plus décalés par rapport à la réalité.
-  Ce travail de transformation franchit une étape importante avec la création des « bu - do » ("chemin de transformation de soi par les techniques de guerres") fin 19eme/début du 20 siècle. (Etape où le rapport avec la réalité devient très secondaire.)
-   " L’apothéose" étant la transformation de ces budos (qui visaient un but philosophique) en sport avec des compétitions, des championnats, etc……
 
 
C’est le discours tenu aujourd’hui. Il montre la « décadence » progressive d’un art de guerre. Ce discours n'est pas neutre, il milite, dans une société qui est en train de sentir la violence quotidienne augmentée, pour un retour vers les bu jutsu et donc d’aller chercher les disciplines les plus anciennes possibles.  Des disciplines où l’entraînement était dur et où on en bavait…. (un genre d’entraînement militaire.......)
 
 
Ce  discours (Bujutsu = guerre/ Budo = éducatif) , basé sur d’anciens préjugés, notamment japonais, est très certainement faux.

Je répète

Ce  discours (Bujutsu = guerre/ Budo = éducatif) , basé sur d’anciens préjugés, notamment japonais, est très certainement faux.
 
L'évolution qui a eu lieu au Japon est beaucoup plus probablement la suivante
 
- Il existait (comme partout ailleurs dans le monde) quelques techniques d’arme très simple (couper, piquer, etc…).

- Ces techniques d’armes ont été incorporés dans un cursus éducatif (là, nous parlons bien du bu jutsu) pendant l’ére Sengoku et surtout l’ère d’Edo (la paix c’est plus facile pour faire des recherches) .(Cf les articles de K. Friday. Je  remets le lien vers l'article principal qui détruit le mythe "classique" du Bu jutsu http://surlespasdemars.wordpress.com/2011/12/07/entretien-avec-karl-friday-ii/ ).
Au passage, l’aspect rituel de la culture japonaise de cette époque a donné un tour particulier à l’outil de transmission des techniques (les fameux katas japonais différent des « katas » okinawaiens et chinois).

- La pédagogie de ce cursus éducatif a été amélioré au cours du 19eme siécle et au début du 20 eme siècle, notamment et majoritairement sous l’impulsion de Jigoro Kano. Pour marquer la différence de PEDAGOGIE, J. Kano a créé et imposé pour sa discipline le terme de Judo. Avec le succès du Judo , le terme de « Budo » se répand pour marquer les disciplines qui utilisent cette pédagogie ( supérieure ,  après expérimentation, à l’ancienne).  La finalité restait la même que le bujutsu mais la méthode d’entrainement était différente.

-  Suite à divers « malentendus » et à certains intérêts particuliers exploitant ces « malentendus », les budos échappent à leur créateur, notamment J. Kano et G. Funakoshi, et sont transformés en sport où le but originel d’amélioration de l'individu est abandonné.  Cet abandon est caché par une sémantique appropriée. (idéal sportif, esprit sportif, éducation sportive, etc….)
 
A noter que le fondateur de l’Aïkido en interdisant les compétitions dans sa discipline et en transformant son « art guerrier » en  art « cérémoniel » a évité cet écueil. (Il a eu le temps de voir ce qui est arrivé au Karaté et au Judo, ça aide ……)
 
 
Etudions cette fameuse pédagogie du Judo. Cette dernière divise le judo en deux catégories : Le Kata et le Randori.
 
Le Kata contient les techniques et le Randori représente l'application des dites techniques.
 
 
Dans un contexte médiéval (pas de DVD ou de photos), un kata est une manière astucieuse de transmettre un répertoire de techniques. Les techniques sont claires, présentées explicitement et n'ont rien de cachés ou d'ésotériques (pas de bunkai fumeux, de travail de ki ou d’équivalent des vitalités animales). C'est l'équivalent d'un livre avec des photos : Comme un livre cela permet de voir les techniques, comme un livre c'est complètement insuffisant pour savoir ("faire") comment les effectuer dans une logique d'opposition.
 
La chorégraphie de « base » n’est pas suffisante.
 
C'est là que la deuxième part entre en jeu. Le randori permet d'apprendre à placer les techniques dans un contexte d'opposition. (Rappelons néanmoins qu’il faut toujours retravailler les bases….)
 
 
Toutefois pour éviter que les participants se blessent et pour leur permettre de travailler leur opposition à fond, les techniques dangereuses sont supprimées de l’entraînement.
 
 
Par l'expérience, on a eu ensuite la preuve (sur plusieurs décennies) que la manière de travailler (=la pédagogie) la plus efficace était la méthode Kano et non l’ancienne méthode.
 
Il vaut mieux travailler à fond sur des techniques moins dangereuses que de travailler lentement sur des techniques mortelles. In fine, la plus grande efficacité est dans la  méthode « Kano ». Et là je sais que cela ne va pas plaire à certains mais les faits sont têtus.
 
Par contre, il y a une différence fondamentale entre le point de vue de Kano et celui de ces "successeurs". Pour Kano, le contexte devait être un contexte de self défense : Où tout est autorisé "pour l'adversaire". Le judoka devait savoir, par exemple, comment s'approcher d'un boxeur  ou d'un lutteur pour que le judo soit une réelle self défense.   
 La dérive du judo "authentique" est arrivé quand on a confondu l’entraînement "en s'agrippant" du judo avec la réalité (où l'agrippement n'est pas toujours certain....). Quand Kano s'est rendu compte de la dérive il était trop tard.
 
Heureusement pour le Judo, le courant brésilien (injustement appelé Jiu jitsu.....) a permis de conserver la pédagogie "supérieure" du Judo et d'éviter une trop grande spécialisation sportive de la discipline.  Aujourd'hui avec l'engougement du ju jitsu brésilien, je pense que le Judo, tel que le concevait Kano dans l'esprit, va être conservé. Certes l'accent est mis sur le travail au sol (Ne waza), mais l'esprit originel du fondateur est explicitement à l'oeuvre.
 
 
 Ce qui est très bien, le Judo, comme je le disais, a  prouvé sa supériorité pédagogique dans le temps.


 
Certes Shiro Saigo (le leader "officieux" de l'école Kodokan) était un ju jutsuka à l'origine. On peut donc se poser la question si ce n'est pas Shiro Saigo et le ju jitsu qui étaient « supérieures » et que Kano s'est servi de Saigo pour vendre une "soupe" aux bons sentiments.
 
C'est possible ! Mais je pense que si la pédagogie de Kano avait été inférieure à la pédagogie classique A terme le Jiu jitsu aurait repris le dessus. S'il ne l'a pas fait c'est que, sur le  fond, la pédagogie du Judo est supérieure à la méthode d'apprentissage traditionnelle.
 
Les Gracie, par exemple, pour ne citer qu’eux mettent clairement la pédagogie de Kano comme supérieure…. Eux ont une complète légitimité pour décider de l’ordre hiérarchique.
 
 
Pour ceux qui doute que pour Kano un DO et un JUTSU c'était la même chose sur le fond ,un petit texte de Kano où il parle du judo comme d'un jutsu avec, en plus, une méthode pédagogique différente de la méthode traditionnelle....
              
     
Lorsque le Maître Kano décida d’utiliser le terme Judo en remplacement du terme habituel de Jujutsu, il s’en expliqua en ces termes :

La raison qui m’a fait adopter le mot de Judo au lieu de Jujutsu (ou Jiu Jitsu) est que mon système n’est pas simplement (c'est moi qui souligne)  un Jutsu ou " technique " mais un Do, c’est à dire une Voie, une doctrine. De plus mon choix était motivé par deux autres considérations :
      La première était que les écoles de Jujutsu utilisaient des pratiques dangereuses comme de projeter par des moyens assez incorrects ou d’utiliser des torsions violentes des membres. Ceci conduisait les spectateurs de ces techniques brutales à juger le Jujutsu comme dangereux et dommageable pour le corps.
      De plus il y avait des écoles insuffisamment disciplinées dont les élèves se rendaient odieux en public en projetant des passants inoffensifs ou en leur cherchant querelle. Il en résultait que le mot même de Jujutsu avait acquis un sens péjoratif pour bien des gens. Or, je désirais montrer que mon enseignement, contrairement à cette réputation détestable du Jujutsu, éliminait tout danger, toute utilisation agressive :
      L’autre raison était qu’à l’époque où j’ai commencé à diffuser mon Judo, le Jujutsu avait tellement décliné que certains professeurs de Jujutsu avaient perdu toute dignité, et , comme des forains, donnaient des exhibitions payantes de leur art en combattant tantôt leurs propres élèves tantôt des lutteurs ".

 
 source : http://judoclub.torigni.free.fr/judo/histoire/biographiekano.htm
 

D'autres experts on fait la même découverte avant Kano : Ainsi l'école de sabre de Chiba Shûsaku  (la Hokushin-Ittô-ryû) était elle aussi sur ce modèle.
 
Mais à mes yeux Kano reste le référent car il a popularisé sa méthode et en plus il a grandement aidé ceux qui dans leur art propre souhaitait mettre en place la même méthode (Karate Do, etc...).
 
Tout ceci démontre que ceux qui cherchent une clef magique (chi, techniques secrète, entraînements extrêmes, etc…) dans la tradition pour apprendre la self défense en seront pour leur frais.
 
Il n'y a pas eu d'école avec un but premier de self défense dans le passé du Japon. L'optimisation des capacités au combat n'était pas le but premier de ces écoles.

Par contre, le Japon a donné un valeur éducative au travail sur le combat (armé ou non) très "supérieure" à ce qui s'est fait auparavant. Il a transformé des techniques militaires en art "libéral". Kano a amélioré cet "art libéral lié au combat" pour en faire l'Art Martial popularisé durant le dernier siècle.

 

( Art libéral = Art de libérer le cocher de l'emprise des deux chevaux, cf : modèle du char ailé)


Le secret de l’efficacité des arts martiaux, c’est la pédagogie spécifique mise en place par Kano.
 
Cette pédagogie fut mise en place par un japonais. Si nous définissons cette pédagogie par son origine (comme si cela changeait quoique que ce soit….- au passage, les ceintures multicolores sont d’origine anglaise….) elle est donc japonaise par Jigaro Kano.
 
Cette pédagogie date de 1886. On peut en retrouver des traces avant, mais la méthodologie complète est très récente.  
 
Un Art Martial est donc japonais et moderne. (Cela ne change pas grand-chose sur le fond, mais j’aime reconnaître les sociétés qui ont permis à leur « Diogéne » d’aller jusqu’au bout de la remise en cause même si c’est un coup de chance plus qu'une réelle volonté….)
 
Exit les "grands maîtres" avec des traditions qui datent du Japon médiéval, de la Chine antique, de l’Inde bouddhiste, d’Alexandre le grand, de l’Atlantide, du Néolithique, de l’Ere Primaire, du Big Bang, d’avant….. et que seuls quelques initiés connaissent et gardent jalousement.
 
Suite à cette différence pédagogique, on comprend que les budos ne valorisent pas le concept de sélection par « l’art » sur les champs de bataille, dans les compétitions ou dans un « dojo yaburi ». (Un artiste martial qui refuserait un dojo yaburi aurait donc à mes yeux la démarche d’un artiste martial et d'un être libre … en plus de faire preuve de simple intelligence)
 
Les budos (qui sont  les arts martiaux « idéaux ») sont pour tous ceux qui veulent progresser (au choix : dans la self défense ou l'art cérémoniel) avec sérieux et en libérant le « cocher » même si leurs chevaux (blancs et noirs) sont un peu faibles ou rétifs.
 
Une progression qui se fait sans passer par une sélection externe mais en mettant plutôt l’accent sur l’effort personnel que l’on est prêt à faire (ou que l’on peut faire....) pour s'améliorer.
 
 
Au final, bizarrement les budokas se retrouvent plus fort que les bujutsukas.
 
 
A mon avis, Cus d’Amato aurait pu transformer la boxe anglaise en art martial (sa pédagogie était d’ailleurs proche de celle de Kano, encore un art martial japonais….. ). Malheureusement, il n’a pas su comprendre les limites de la boxe pour l’éducation et n’a pas compris que Mike Tyson avait besoin d’autres choses pour « réussir » sa vie.
Bon ceci dit il est facile de juger « après ». Mais à mon sens, ceci milite pour une approche non focalisée dans les arts martiaux  pour l’éducation d’un humain.
 
Avec ces éclaircissements, on comprend que c’est la pédagogie et l'aspect "art libéral" de l'enseignement qui définissent si votre pratique est un Art Martial ou non.
 
 
Un Art Martial à la base ce sont des techniques militaires, policières ou civiles (A l'origine devant être efficace sur le terrain mais ayant souvent évolué en art cérémoniel ou sportif ) liées à une pédagogie d’AMELIORATION globale de l’individu, la pédagogie de Kano  (une pédagogie différente de l'idéal de SELECTION ).
 
Si ce n’est pas la pédagogie Kano, liée à l’origine historique de la discipline (Judo, Karaté-do, etc…) ou à un choix de l'instructeur, qui est appliqué pour l’entraînement et dans les valeurs véhiculés, ce n'est pas un Art Libéral, ce n’est donc pas un Art Martial.
 
 Cette pédagogie n’est pas sans influence sur la matière technique. Puisque classiquement on doit rendre les armes (naturelles ou non )  moins dangereuses pour pouvoir s’entraîner à fond….(et au passage goûter au « flow » …….)
 
En fait, le modèle Budo ou sportif c’est l’efficacité du pratiquant et l’inefficacité (relative) de la technique (on travaille sur un modèle john) et le modèle Bujutsu c’est l’inefficacité (relative) du pratiquant et l’efficacité de la technique (on travaille sur un modèle smith).
 
Tout la recherche du compromis du Krav Maga est là !  Comment travailler l’efficacité du pratiquant et de la technique.
 
Reprenons l’histoire du Krav Maga :
 
-          Au début du 20eme siècle, Imi Lichtenfeld pratique des sports de combat (lutte, boxe, etc…..) à haut niveau. Des sports où comme pour le Judo on a enlevé les techniques dangereuses pour pouvoir se lâcher à fond.
-          En défendant sa communauté contre des agressions , Imi découvre que le combat « réel » est différent du combat « sportif » et commence à chercher à combler l’écart.
-          Il peaufine cette méthode dans l’armée israélienne.
-          En sortant de l’armée, il décide d’offrir cette méthode aux civils et séduit par la pédagogie de Kano, il en fait un Art Martial.
-          En Europe, grâce à Richard Douieb puis à la FEKM, le Krav Maga est bien implanté comme un un Art Martial (si on excepte quelques hallucinés ou Krav mytho qui cherchent sans arrêt à se prendre pour des "guerriers")
-          Des intérêts particuliers veulent créer des « malentendus » autour du Krav Maga pour l’amener vers une évolution différente d’un Art Martial de self défense  (vers quoi ? Sport, "bujutsu" , business, autre ???. C’est le mystère ! )
-   Des kravists réagissent et décident d'expliciter pour la communauté des artistes martiaux et pour le grand public ce qu'est le Krav Maga depuis l'origine. ( Un peu de promotion ne fait jamais de mal ! )
 
 
Le travail d’Imi Lichtenfeld a été de faire le lien entre les sports de combat (qu’il pratiquait à un haut niveau), la self défense (liée au contexte dans lequel il a vécu) et la pédagogie Kano.
 
C’est ainsi que le Krav Maga repose, fondamentalement, sur un diptyque semblable au Judo.
 
La partie Kata est remplacée par la partie self défense où on apprend des techniques le plus efficace possible en situation. Des techniques efficaces mais dans lesquels la létalité dépend du niveau sur lequel on veut travailler (militaire, policier, civil).
 
La partie Randori est remplacée par la partie combat total. Bien évidemment pour éviter de se faire mal et pour acquérir les bons réflexes, les combattants sont munis de protections (coquille, protège poitrine, protège tibia) et travaillent avec des gants de boxe, des armes en plastiques et des bâtons en mousse.
 
Petit aparté
 
Pour pouvoir travailler en combat total à « mains nues », il faut d’ailleurs impérativement des gants de boxe. Les mitaines de MMA ne sont pas assez protectrice .... pour l'adversaire (= il faut ralentir, ce n’est donc plus une opposition la plus "extrême" possible, ce n'est donc pas un entraînement de self défense efficace)
Pour compenser les automatismes liés à un entraînement avec des gants, on retravaille les coups pendant la partie self défense, en prenant la bonne distance de travail (un concept spécifique au Krav Maga pour conserver la vision "self défense").

Ce double travail permet, après expérience et retour terrain, de s'améliorer efficacement dans des techniques efficaces.
 
Fin de l’aparté
 
 
Même si la pédagogie du Krav Maga est différente de la pédagogie du  Judo sur certains aspects (le combat dur pour les passages de grade notamment), vous voyez que, factuellement, la racine pédagogique est la même.

Les kravists sont des cousins des judokas.
 
Le Krav Maga est un Art Martial.
 
Une anecdote prouve d’ailleurs la prise en compte par le fondateur de cette pédagogie.
 
Dans les années 80, un grand duel de boxe thaïlandaise devait avoir lieu en Asie. Ce duel opposait douze thaïlandais à douze birmans. Les birmans s’entraînaient dans des conditions très dures. Ils ne mettaient pas de  gants autour des poings à l’entraînement se contentant de bandelettes. Dans certaines conditions, ils mettaient même du verre pilé sur ces bandelettes (fan de Vandamme, regardez Kickboxer). Le consensus général était que les birmans endurcis par de tels conditions d’entraînements n’allaient faire qu’une bouché des boxeurs thaïlandais habitué à un entraînement intense mais protecteur.
 
Richard avait parlé de ce tournoi à Imi. La réponse d’Imi avait été sans ambages et à l’inverse du consensus : «  Les thaïlandais vont gagner et en plus, ils vont gagner haut la main ».
 
Pourquoi ?
 
« Parce que les birmans s’entraînent de manière beaucoup trop dangereuses. Ils ne peuvent donc apprendre à déployer tout leur potentiel contrairement aux thaïlandais. De plus, avec un tel type d’entraînement, les blessures doivent être récurrente et ils ne doivent donc pas travailler suffisamment »
 
Quelques mois plus tard, les douze thaïlandais battait les douze birmans par douze KO.
 
Le fondateur du Krav Maga a introduit sciemment la pédagogie Kano dans le Krav Maga « techniques militaires » . Il l’a fait pour des raisons d’efficacité et ce faisant il a bien transformé le Krav Maga en Art Martial.
 
C’est là, la différence entre
 
-Des techniques militaires que l’on peut mémoriser rapidement en espérant que l’on saura s’en servir sur le champ de bataille (un genre de sélection par la guerre......).  On retrouve cet esprit si on se contente d'enseigner des techniques policières, de sécurité ou civiles. Le modèle sous-jacent est le même, un modèle de sélection spencérien (et non darwinien).
 
-Un Art Martial de self défense (l’Art Martial de base) , où au delà de vos capacités propres d'acquisition (et de votre chance dans la vie....), une méthodologie scientifique est à l’œuvre pour vous permettre de déployer au maximum votre potentiel avec comme but  premier que ce déploiement soit orienté vers un but de self défense. (Nota: Pour éviter de partir vers un art cérémoniel, votre  capacitée de déploiement doit être testé régulièrement )
 
Pour bien prouver son attachement à l’Art Martial et son admiration pour la pédagogie de Kano, Imi Lichtenfeld avait d’ailleurs tenu à être photographié en judo gi.
 

 Imi-Krav-Maga-Founder.jpg
 
 
 
 
 
Coin définition


Avant mes définitions, une  précision importante : rappelez vous que la protection personnelle est un travail différent de la self défense. Je me rallie tout à fait aux définitions du livre Protegor ( un "must have" ) pour définir la différence entre ces deux termes........  

 
les techniques de self défense (civiles, policières, militaires) : Les mouvements correspondent à la préparation d' un affrontement contemporain (même si le but n'est pas léthal)  mais sans la pédagogie associée de Kano. C'est à l'individu seul de faire son chemin d'acquisition des techniques (des fois, cela marche bien cf Miyamoto Musashi)


 Art Martial Self défense : l'art martial de "base" qui vise à préparer à un affrontement dans un cadre contemporain avec la pédagogie Kano.
 
A partir de cette base trois évolutions correctes (=compatibles avec mon éthique)   sont possibles . je  les  définis comme suit :

Art Martial Sportif/d'Education Physique (Sport de combat, amélioration de la condition physique, aspect santé, etc….) :Travail sur une évolution des techniques de self défense visant un but corporel et personnel. (même si on peut travailler en groupe)
Art Martial Cérémoniel : (spectacle, contrôle de soi, découverte de soi, etc…) : Travail sur une évolution des techniques de self défense visant un but  psychologique et personnel. (même si on peut travailler en groupe)
Art Martial Historique : Reconstitution ou préservation de techniques de self défense anciennes. Le but est culturel mais peut être personnel ou collectif (tactique des groupes)
 
Mais attention : une évolution incorrecte est possible
Je l'avais appelé précédemment art martial halluciné ( car certains s’imagine bien faire mais sont en dehors des clous...).

Art martial corrompu :
Discipline corrompue par un groupe ou une institution faisant appel à des techniques de self défense (efficaces ou pas.....) mais avec des valeurs différentes de la pédagogie Kano ou de mon éthique ( pour des motifs politiques, pathologiques, pécuniers..... ou par simple incompétence). Je propose plutôt d’appeler ces arts les arts martiaux corrompus, terme qui est plus péjoratif et met plus en garde le grand public. Dans une société qui perd ses repères, cette partie des "artistes martiaux" devient très dangereuse.

J'ai volontairement laissé de coté l'aspect collectif d'un art martial de "self" défense. Il a déjà été traité en partie dans les multiples aspects gouvernances de ce blog (aussi fondamental que l'état d'esprit au niveau individuel: tout part de là). Au vu de sa "sensibilité" pratique, il sera traité dans le prochain post qui, par ailleurs, clôturera la deuxième saison de ce blog.

Ainsi dans le prochain post, j'analyserai la leçon principale "offerte" par une grande organisation consacrée à l'Art Martial  : Le monastère de Shaolin

Bien sur je ne parle pas de l’institution corrompue qui actuellement commence à révéler son vrai visage. (On devient les valeurs que l'on met en application....)



 
Coin culture

Un film jalon où la différence des deux méthodes pédagogiques est clairement symbolisée. Le meilleur moyen de s'améliorer consiste  à utiliser une approche indirecte et non pas à se plonger, ad nauseam, dans des situations de combat.

Pas étonnant que ce film, même si techniquement il ne vaut pas tripette, soit toujours une référence pour ceux qui ont une approche "Kano"

 

Karate-Kid.jpg

 

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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 14:07

 

 
 
"la philosophie occidentale n'est qu'une suite de notes de bas de page aux dialogues de Platon"
(Whitehead).
 
 
 
J’ai déjà signalé dans un post passé que la répartition du temps de travail à l’entrainement au Krav Maga n’avait pas de raison d’être modifiée pour des raisons personnelles. Elle dépendait d’une étude liée à la société et aux modalités de la violence. Dans le même post, je précisais que sans changer les principes du Krav Maga, certains aspects techniques ou de l’entrainement pouvaient être modifiés si la société changeait (par exemple si la hallebarde revient à la mode ).
 
Comment faire pour comprendre les changements et s’assurer qu’il n’y a pas une sclérose de l’institution ou, à l’inverse, un détournement vers un art sportif ou cérémoniel  ?
 
La difficulté, c’est que pour protéger les principes du Krav Maga, il faut maintenir un équilibre. Il faut prendre en compte l’extérieur : sinon on aboutira (dans un très lointain futur :-) ) à ce que le « canon » Krav Maga soit figé et inadapté. Mais si on en prend trop en compte l’extérieur, on se trouve sous la menace d' influences qui ne reconnaissent pas (ou luttent contre.....) la possibilité offerte à tous les citoyens d’accéder à un apprentissage de la self défense (sans parler du temps et de l’énergie perdues à se justifier en permanence auprès des sophistes).
 
La boxe (comme beaucoup de sports d’opposition) a trouvé une solution simple. Les règles ont été fixées par le  marquis de Queensburry. Ainsi quel que soit l’évolution de la société, la boxe gardait un référentiel fixe. Un ensemble de technique a donc été mis au point et se retrouve chez tous les participants. Bien sûr, chacun d’eux à un style ! Mais ce style est plus une manière personnelle de placer ou de faire la technique (la technique restant globalement la même) qu’un principe différent justifiant une appellation différente de la discipline.  
 
Mais la société change quand même et maintenant, le public veut de nouvelles règles : Le MMA. Comme quoi rien ne peut être fixé pour toujours ! On reporte simplement plus ou moins loin le problème ( le plus loin pouvant dépasser, dans certains cas, la durée d’une vie humaine).
 
Comment résoudre ce paradoxe qui se pose de manière particulièrement aigue pour une discipline de self défense ?
 
Repartons dans la Grèce de l’âge classique et parlons d’une des plus belles mystifications en philosophie.
 
Quand on vous parle de la philosophie en Grèce, on oppose généralement deux modèles.
 
Le modèle de Platon – qui donne la primauté aux idées et oublie le monde physique (vous savez l’amour « platonicien »….)
Le modèle d’Aristote – qui donne la primauté à l’étude du monde selon la logique aristotélicienne (vrai ou faux, pas de troisième solution)
 
Et donc vous avez des livres entiers pour chanter la gloire de Platon, des livres entiers pour chanter la gloire d’Aristote et des livres entiers pour savoir qui est le meilleur entre les deux… Et oui les universitaires aussi ont un cerveau primate à la recherche du leader de la « bande ».
 
Et personne (ou presque….) ne met en avant dans cette « grande » littérature, un certain Diogène.
 diogene07.jpg
 
 
Diogène «de Sinope » est un marginal, fondateur de l’école des cyniques. Il remettait en cause beaucoup de choses dans l’ordre établi (la morale de la société donc ! ). On en parle comme d’un excentrique et généralement on le voit comme un personnage incapable de s’intégrer, passant son temps à râler et qui ne profite pas des bienfaits de la société. On parle de l’école des Cyniques et de Diogène en philosophie, mais les deux sont rarement intégrés à l’histoire des sciences.
 
Erreur fatale !
 
Une petite anecdote. Un jour Platon déclamait à l’Académie que l’homme était à catégoriser dans les poulets sans plume et sans cornes. Diogène se pointe avec un poulet déplumé et sans ergot : Par les faits, Diogène démontre à Platon que son modèle ne colle pas à la réalité.
 
Cette anecdote illustre à mon sens, la véritable opposition qui doit exister dans la science.  Platon et Aristote ne s'opposent pas, ils se complètent. Ils représentent la base de la méthodologie de la méthode scientifique : Je fais des hypothèses cohérentes (un modèle, en mettant dehors les sophistes… ) et j’étudie le monde pour savoir si ce modèle s’applique dans la nature (Et là ça marche ou ça ne marche pas de demi-mesure…).
 
Mais cette partie de la méthode scientifique peut échouer à voir un phénomène qui remettrait tout en cause. Le modèle de Ptolémée (Terre immobile au centre du système) est resté en vigueur aussi longtemps car ses prédictions sur les mouvements des astres étaient globalement justes. (cf table des marées)
 
La  méthode scientifique, ce n'est pas seulement des « chercheurs » qui modélisent et qui testent mais aussi des « démolisseurs » qui doivent tout tenter pour réfuter le modèle y compris utiliser des données qui ne font pas partie du test initial.  Un véritable utilisateur de la méthode scientifique (une denrée rare de nos jours où la méthode scientifique sert plutôt d’emballage, publicitaire ou politique) doit être capable de tenir les deux rôles.
 
Le fait de tester les modèles sur la réalité, à la création, n’est pas suffisant. Il faut que les modèles soient testés en permanence et que toute anomalie soit le point de départ d’une recherche. Soit il y a anomalie de mesure, soit…le modèle est faux et il faut en refaire un autre. Pas de demi-mesure ! Le globalement vrai n’existe pas dans la logique aristotélicienne.
 
 
L’oubli du rôle de Diogène a amené pendant le moyen âge une idolâtrie des travaux d’Aristote. (le « Magister Dixit », le maitre a dit ; la fameuse formule de l’argument d’autorité).
 
C’est ça un comportement sectaire : C’est refuser la présence d’un Diogène parmi les membres de la communauté. (cf post précédent)
 
Attention néanmoins :
·         Platon était « perdu » dans ses rêves
·         Diogène était imbuvable
 
Il faut garder un équilibre,  mais il faut avoir les deux. Le top, bien évidemment, ce serait de savoir quand  on doit faire appel à l’un ou à l’autre. Mais là, la méthode scientifique ne s’applique pas pour savoir quand douter du modèle et quand lui faire confiance. Nous sommes aux fameuses frontières de la méthode scientifique. Là, il faut faire appel à l’intuition pour savoir si un fait justifie la remise en cause du modèle ou si on peut considérer que c’est un problème de mesure/d’observateur.
 
Vous remarquez qu’une société a une tendance naturelle à repousser les « Diogènes » qui vont, par nature, contre la morale…mais pas contre une éthique (contrairement aux  « prédateurs humains ») : à vous de les voir, de les reconnaitre et de les aider;  sans leur donner le Pouvoir ( ou alors ce ne seront plus des « Diogènes »!). Sinon ne vous étonnez pas de vivre dans une société à la morale bien verrouillée….(Ethique.....)
 
Au passage, dans mon éthique, contrairement à Diogène, j’estime qu’il est indispensable que le pointage des incohérences des modèles soit fait au niveau du "cerveau" qui créé les modèles : le néo cortex. Attaquer le cerveau reptilien et le cerveau mammalien de front (en ayant un comportement du style « homme du blâme ») est une solution qui n’a pas été retenue par les humanistes de la renaissance et avec raison (cf Korzybski et Laborit). Cette solution « homme du blâme » permet, à mon avis, de tester votre maitrise du « flow » dans la vie mais pas de vous faire évoluer ou de faire évoluer une institution.
 
Au Krav Maga (et pour toute les self défense scientifiques), il faut donc une remise en cause permanente.
 
Remise en cause, ne veut pas dire changement.
 
Comment faire pour remettre en cause le Krav Maga ? Il suffit  d’étudier les autres disciplines d’opposition (sportives ou non), les autres contextes et voir les limites du Krav Maga (Elles existent bien évidemment, nous sommes dans la vie réelle ....). 
 
Qui peut faire ces tests ?
 
Tous les pratiquants qui estiment avoir maitriser la base technique du Krav Maga.  Si vous passez les ceintures de la FEKM, vous saurez facilement quand vous avez atteint ce niveau. C’est le jour où un jury vous aura vu atteindre une maitrise suffisante pour vous décerner une ceinture noire 1er Darga (rappel : cinq ans minimum en s’entrainant dans un club). Ce jour-là vous êtes reconnus comme autonome.
 
A partir de là, vous pouvez aller voir ailleurs ce que l’on y propose.  Votre niveau est suffisant pour juger votre pratique et celles des autres.
 
L’avantage d’être dans une fédération, c’est qu’il suffit que certains fassent ce travail pour garantir le maintien de l’aspect scientifique du Krav Maga. D’autres peuvent pendant ce temps-là se consacrer à d’autres tâches ( donner des cours, participer à la vie de la fédération, améliorer sa propre maitrise, etc…). Tout le monde y gagne et renforce l’institution. Pour éviter également une spécialisation (qui n’est pas dans l’idéal humaniste….), n’oubliez pas de changer de « rôle » régulièrement ! :-) Bien sûr vous pouvez tout faire tout seul, mais votre temps libre va être sacrément réduit. C’est le don fait par tous les fondateurs d'une discipline ou d'une fédération…
 
Les éventuelles interrogations sans réponses doivent faire l’objet d’un retour au responsable technique qui  doit définir avec logique la position de la fédération sur ces points. Le rôle du responsable technique n’est donc pas de définir "l’orthodoxie du style" mais de savoir si les techniques « choisies » dans la discipline sont remises en cause par un facteur nouveau et surtout d’expliquer sa position qui est la position de la fédération (Jamais de Dixit Magister pour un professeur de Self Défense).
 
Ceci évitera une déviation vers une vision sectaire ou hallucinée car le savoir technique extérieur permet un contrôle permanent des choix de la fédération. En cas de problème « sérieux », une discussion publique est indispensable pour que chacun puisse comprendre le choix qui est fait et surtout le pourquoi .
 
Bien évidemment, dans les faits, aujourd’hui, c’est la manière de fonctionner que je vois à l’œuvre dans la FEKM. (Si vous avez un doute, regardez le background hors krav maga, martial et professionnel, des instructeurs haut gradés de la FEKM.....)
 
Vous comprenez l’importance d’un tel fonctionnement : Cette dialectique institutionnelle empêchera que la recherche de flow ( un problème classique pour les disciplines martiales sans compétitions) ne fasse dévier (même à son insu) un club, puis des clubs puis une fédération de son but affiché. 
 
Vous noterez qu’un art cérémoniel ou un art sportif n’ont pas besoin de passer par cette étape. Ils ne se confrontent pas à la réalité mais à une œuvre artistique ou historique (là, le dixit magister s’applique) ou à un milieu régulé par la compétition.  
 
Dans la vidéo où on voit Imi donner des conseils. On voit d’ailleurs Imi, lui-même, mettre en avant que le Krav Maga a été adopté par l’armée israélienne après des tests (exit le chauvinisme mal placé) et que les organismes qui l’ont adopté (à l’échelle de la planète) ont eux aussi conduit des tests. Quelle self défense, aujourd’hui, peut se vanter d’avoir été aussi testée ?
 
A 49 minutes Imi Lichtenfeld parle, à 50 minutes Richard Douieb traduit.
 
 
 
Pour compléter et revenir à mon obsession (la dislocation, espèce de mal pensant :-) ),  à votre avis, quel est la fédération la plus apte à passer à travers une future « Dislocation » où des intérêts multiples et "supérieurs" vont tenter de tirer profit des ressources de toute les institutions et de les inféoder à leur propre but
 
·         Une fédération avec un responsable technique qui définit la norme technique pour les pratiquants et responsable seulement devant un Pharaon-Président (lui même émanation, dans les faits, d'une "technostructure"...).
 
  
·         Une fédération avec des pratiquants maitrisant plusieurs arts martiaux (self défense, sportif, cérémoniel, sécurité,  militaire, policier) demandant à un responsable technique de coordonner tous les retours problématiques et d’expliciter les réponses en accord avec le but de la fédération.
 
·         Une « non fédération » où tout le monde doit redécouvrir la roue individuellement sans qu’une documentation ne permettent de transmettre les conclusions sur la hiérarchisation de l'efficacité des techniques suivant le contexte.
 
Quelle est la fédération la moins sectaire ? quelle est la fédération ayant la  méthode la plus scientifique ? quelle est la fédération la plus démocratique ? Quelle est la fédération la plus économe en ressources humaines ?
 
Au passage :
Rappelons qu’un responsable technique est un être humain. Pour éviter de le déborder de questions et pour qu’il ait envie de continuer ce travail. Il faut  être sûr de l’importance et de la forme adéquate de ses questions (surtout quand la technique actuelle permet de le joindre quasiment en H24. )
 
Rappelons également que la technique ne peut pas tout. Les boxeurs dans un match, maitrisent tous les deux la technique mais …. Il n’est pas possible  pour eux d’éviter tous les coups (sauf différence de niveau énorme). Ne tombez pas dans le fétichisme de la technique. Ce qui compte dans l’art martial, c’est l’homme pas la technique ( merci Imi ! ). Même si l’art martial peut améliorer l’homme, il ne le rendra pas parfait. Autrement dit :  si vous vous battez ; vous prendrez des coups ! D’où l’idée de non-violence comme approche idéale du rapport que l’on doit avoir avec la société.
 
Si je parle de ce travail de recherche à effectuer pour vérifier sa discipline, c’est, bien évidemment, parce que je l’ai fait, à ma modeste échelle, pour tester le Krav Maga (entre  autres..... ).
 
Ma conclusion : Tous les « aspects » techniques rencontrés dans le combat rapproché en « self défense » sont dans le Krav Maga. Eventuellement certains principes de résolution des problèmes gagneraient à être explicités mais ma remise en cause, après expérimentation, ne va pas au-delà. J’ai des choses à rajouter pour mes besoins/envies propres ou pour avoir un autre axe d’entrainement sur certains principes mais tous les principes fondamentaux de toutes les disciplines de combat rapprochées que j’ai étudié (lutte, boxe, armes blanches, kyusho jutsu, etc…) sont présents dans le Krav Maga et dans la méthodologie d’entrainement qui est proposée (pédagogie).
 
J’en profite pour dire également que je pense que les fameux coups de pied sautés (retournés ou pas) ont tout à fait leur place dans un cursus d’entrainement à la self défense.  Les arguments avancés dans la FEKM par Richard Douieb et Steve Schmitt m’apparaissent tout à fait cohérents et validés par l’expérience de pratiquants et de professionnels.
Personnellement, je vais plus loin: Je pense que la qualité la plus importante à développer dans la self défense contemporaine est développée et testée dans cet exercice. 
 

Au passage, j’ai été plus loin que des recherches sur les arts martiaux « classiques ». J’ai, dans mon entourage, un pratiquant d’escrime médiévale. Nous avons donc comparé nos manières de faire entre adversaires armés à la médiévale (Bouclier, Lance, épée, etc….). Nous avons découvert que lui, de par son expérimentation et moi, de par mon apprentissage du Krav Maga….Nous utilisions les mêmes principes et aboutissions aux mêmes techniques. Pour une attaque donnée, spontanément, nous adoptions la même défense. C’est quand même un signe !

 
 
En définitive, d’après mon expérience personnel, chacune des rencontres que j’ai faite en dehors du Krav Maga ne m’a permis « que » d’approfondir un aspect du Krav Maga et non pas de découvrir un aspect de la self défense que je ne connaissais pas. Chaque expérience a été un rayon de lumière qui faisait étinceler d’une manière différente un même joyau : le joyau du Krav Maga, le noyau de la self défense. 
 
Un joyau qui mérite d’être conservé.
  
Prochain post :  La réponse à une question polémique "classique". Le Krav Maga est il un Art Martial ?
 
Le coin culture
 
« Plus les hommes seront éclairés, et plus ils seront libres. »
Voltaire (dit Platon )
 
« Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. » 
Karl Popper (dit Aristote )
 
« La découverte commence avec la conscience d'une anomalie, c'est-à-dire l'impression que la nature, d'une manière ou d'une autre, contredit les résultats attendus dans le cadre du paradigme qui gouverne la science normale. »
« Décider de rejeter un paradigme est toujours simultanément décider d'en accepter un autre, et le jugement qui aboutit à cette décision implique une comparaison des deux paradigmes par rapport à la nature et aussi de l'un par rapport à l'autre. »
« Rejeter un paradigme sans lui en substituer simultanément un autre, c'est rejeter la science elle-même. C'est un acte qui déconsidère non le paradigme mais l'homme. Celui-ci apparaîtra inévitablement à ses collègues comme « l'ouvrier qui s'en prend à ses outils . »
« Au début, un nouveau candidat au titre de paradigme n'a parfois que quelques partisans et dont les motifs peuvent même être suspects. Néanmoins, s'ils sont compétents, ils l'amélioreront, exploreront ses possibilités et donneront une idée de ce que ce serait que d'appartenir à un groupe guidé par lui. En même temps, si le paradigme est de ceux qui sont destinés à vaincre, le nombre et la valeur des arguments en sa faveur augmenteront; ses adhérents se feront donc plus nombreux et l'étude du nouveau paradigme se poursuivra .»
Thomas Kuhn (dit Diogène )
 
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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
24 août 2013 6 24 /08 /août /2013 09:47

 

 
 
« qui participe pour le plaisir, sans trop se soucier de gagner ou de perdre, l’emporte fréquemment »

G.  Funakoshi

 
 
Dans le dernier post, j’ai parlé d’une fédération comme d’un arbre. Or c’est bien connu, la force d’un arbre tient à ses racines.  Quelles sont les racines pour une fédération ? Il s’agit des clubs et des pratiquants. C’est là que réside la force d’une fédération.
 
Cela vous parait évident ? 
 
Mais alors pourquoi certains donnent-ils une telle importance au « feuillage » ? (compétitions et démonstrations). Comment peuvent-ils en arriver à croire que leur arbre sera plus solide si le feuillage est plus épais ?
 
Mystère !  Pensent ils qu’occuper l’espace médiatique remplace le travail de base ?  (Une partie de la réponse, à mon sens, est dans le coin culture du post sur les arts martiaux et Prométhée….)
 
Le maintien de cette base/racine est donc la tâche prioritaire de toute fédération (ou regroupement analogue) . Or qu’a-t-on observé en Chine, au Japon….. ? Au fur et à mesure du temps qui passe, les fédérations (ou les structures équivalentes) se fragmentent. J’ai déjà expliqué la raison profonde de cet état de fait (le cerveau singe). Mais je voudrais revenir dans ce post sur l’utilisation pervertie que fait le cerveau singe d’un des plus important outil dont notre conscience dispose : le flow.
 
Le flow est une théorie construite (un modèle quoi ! ) par M. Csikszentmihalyi.
 
Globalement, il a surtout mis des mots neufs sur des concepts anciens. Mais je suis bien placé pour dire que ce n’est pas un travail inutile. Enfin, si vous trouvez ce blog intéressant, c’est le cas !
 
En résumé, l’état de flow est un état de la conscience apparaissant quand nous sommes tout entier pris par une tâche. Cet état est la base du bonheur : C’est là où nous nous sentons entier et en phase avec l’univers ! (Bien que ce soit un point de vue subjectif, bien sûr ! )
 
Bien évidemment , un tel résumé ne rend pas justice à son étude. Je vous incite très fortement à lire ces livres en français. Ils sont peu onéreux et donne une vision moderne très utile de ce concept ancien.
 
Cet état de flow apparait  notamment quand nous effectuons une tache un peu difficile (un challenge) qui nous demande un maximum de capacité (par exemple :  déplacement,+vitesse+technique+stratégie….. tiens les trois cerveaux sont sollicités ? ) et que nous sommes dans un contexte sécurisé (nous n’avons pas à gérer notre peur ou un contexte compétitif !!!! bref quand nous jouons).
 
Il y a de multiples manières de se mettre dans un état de flow. Mais en utilisant l’exemple que j’ai mis au-dessus, on voit que les arts martiaux permettent facilement de se placer dans un tel état.  Mieux, tout art martial peut générer des exercices particuliers sécurisés permettant de générer cet état.
 
-          Tuishou
-          Combat à la touche
-          Lutte
-          projection
-          Chorégraphie corporelle  (seul ou à plusieurs)
-          Etc…
 
Cela explique les séparations qui apparaissent à partir d’un style de base. Certains pratiquants vont être plus à même de rentrer dans un flow suivant tel type d’exercice ou tel autre (et au passage renforcer leurs tendances naturelles, bonnes ou mauvaises…).
 
Vous avez donc des scissions qui apparaissent quand  un groupe de  pratiquants se découvre une plus grande facilité de passer dans le flow grâce à un exercice plutôt qu’aux autres. Il apparait une tendance à privilégier cet exercice ou cette technique pour ce groupe et donc à différencier l’entrainement  y compris dans une discipline affichée comme self défense….Ce qui est un non-sens scientifique (voir ci-dessous).
 
Ceci explique d’ailleurs (et justifie) la position relativiste des fédérations « officielles » : Le fait de dire qu’il n’y a pas de meilleur art martial qu’un autre et que tout est bon ! C’est vrai si on se place dans le cadre d’un art martial cérémoniel. Où le but, à mon sens, est précisément de connaitre cet état de flow et de pouvoir le déclencher de plus en plus facilement dans le dojo mais aussi dans le cadre de la vie hors du dojo et cela même si on rencontre des difficultés dans la vie. Une sorte de purification de la Conscience, Conscience souillée par les épreuves de la vie et non par son ego…… (A l’inverse de ce que répète certains maitres souhaitant avoir des disciples-esclaves soumis )
 
Pour justifier ce relativisme, on utilise beaucoup de faux fuyant car reconnaitre explicitement que le but n’est pas l’efficacité dans une confrontation n’est pas vendeur pour un art « martial »…..
 
On remplace donc la recherche de l’efficacité ou l’apprentissage des techniques rationnelles par l’esprit, le chi, l’intuition, etc…..alors que des méthodes scientifiques  (certaines vieilles de plusieurs siècles : Oui ! Cela veut bien dire que la self défense est « traditionnelle » ) permettent de hiérarchiser les techniques  suivant leur efficacité dans les différents contextes. 
 
Ceci dit je ne dénigre pas l’intuition. Quand la connaissance acquise grâce à la méthode scientifique ne permet plus d’avancer (le chat de Schrödinger est-il vivant ou mort ? ) mais qu’il est nécessaire de prendre une décision ou d’effectuer une action (Que doit-on dire à Schrödinger ? ). Dans ce cas, autant écouter notre intuition (ou tirer à pile ou face, choisir ce qui nous plait, etc….).
 
Le problème, c’est que la méthode scientifique, généralement, montre des choses qui dérangent la Morale (=  la structure idéologique d’une société ou d’une institution) et/ou les détenteurs du pouvoir persuasif.  Pour remplacer ce regard scientifique, « on » préfère mettre l’intuition sur un pied d’égalité avec la méthode scientifique (je pense que c’est exactement ce rôle qu’a joué le phénomène New Age pour notre société). Pourtant depuis 2500 ans, la méthode scientifique a prouvé, par les faits, sa supériorité sur l’intuition.
 
Je veux bien que l’ on remette en cause cette hiérarchie  (connaissance scientifique/intuition) mais il va falloir pour me convaincre un peu plus qu’un discours.
 
Avant la première guerre mondiale, la tactique officielle de l’état-major français était de prendre les positions ennemies par « l’élan ». Personne ne savait  ce que c’était mais cela devait permettre de passer les mitrailleuses allemandes…… Bien sûr , ce discours visait à cacher l’absence complète de réflexion sur la tactique à engager pour prendre une position défendue par une mitrailleuse.
 
A mon sens, les disciplines prônant que des modification du corps et de l’esprit (illumination, corps rempli de chi, utilisation différente des muscles du corps, etc…..) permettront de se passer d’un entrainement méthodique face à des menaces ou des attaques plausibles et contemporaines sont exactement sur ce modèle d’état-major looser.
 
Heureusement pendant la première guerre mondiale, la pyramide des généraux a pu être modifiée…..
 
Appliquons aux arts martiaux, cette analyse :  si on ne peut pas démonter et expliquer le mécanisme que l’on met en place avec l’entrainement ce n’est pas un entrainement scientifique, c’est un travail cérémoniel.
 
Aujourd’hui le Krav Maga à la FEKM  est travaillé dans un but de self défense avec une méthode scientifique. Tout est explicable et démontrable (le but et l'entrainement pour l’atteindre) y compris les compromis ! Basiquement, rien ne peut donc évoluer.
 
Et là quelqu’un de « bien intentionné » sort généralement la phrase suivant : Mais c’est un comportement de secte qui ne se remet pas en cause ! 
 
C’est un reproche que l’on entend souvent sur le Krav Maga. (Au passage, vous pouvez dire exactement la même chose et pour les mêmes raisons sur la Science qui ne reconnait pas : les pouvoirs psychiques, l’astrologie, l’Atlantide, le messie cosmoplanétaire, etc….Une vraie secte, ces scientifiques avec leur science !)
 
Avec le départ de la FEKM de la fédération de karaté, certains (qui ne sont pas neutres, notamment, mais pas seulement, des pratiquants de Krav Maga…) reprennent ce slogan en cœur. En espérant qu’en enfonçant les autres, ils gagneront une légitimité. (Eux sont ouverts, c’est vrai ! Mais, à mon sens, plutôt comme des pièges à loup …..)
 
Ils n’ont rien compris. Personnellement, je ne juge pas que le Krav Maga est le « meilleur » dans tous les domaines martiaux, certaines disciplines sont plus approfondies que lui dans des domaines spécifiques. Par contre en terme de légitimité globale (et la self défense est, par définition, globale), d’après mon analyse, il n’y a aucune contestation possible sur le fond. 
 
Ce qui doit être maintenu, et la légitimité du Krav Maga dans la FEKM se fonde là-dessus, ce sont les principes scientifiques et les techniques associés à ces principes.
 
Bien sûr, ceux qui inconsciemment( souvent mais pas toujours), travaillent avec un but de recherche de flow ne peuvent pas comprendre l’importance de conserver les principes de la self défense scientifiques ou alors vont considérer que tous les principes se valent et faire une mixture "personnelle". Alors qu’il est fondamental que les techniques "collent" à ces principes scientifiques pour que l’on ne  parte pas vers un domaine cérémoniel, sportif ou pire halluciné !!  (Qui alors ne serait plus de la self défense scientifique).
 
La difficulté vient du fait que l’entrainement au Krav Maga nous fait (comme les autres disciplines historiques, « efficaces » en self défense en leur heure) rentrer dans une logique de flow pour rendre l’entrainement agréable (surtout pendant les combats souples mais aussi pendant le travail à deux, le shadow boxing ou les démonstrations …..). Ce flow est, je le rappelle, important car il nous donne la motivation pour approfondir la technique et surtout son application.
 
Mais, on peut anticiper l’apparition d’un problème dans le futur si nous suivons le modèle d’évolution historique des fédérations en dehors des compétitions sportives. Certains pratiquants seront tentés de faire évoluer les techniques ou amèneront de nouveaux modes d’entrainements (Tui shou, shadow lent ou yoga « mobile » par exemple ). Ces nouvelles techniques et modes d’entrainements pour se justifier feront appels au flow  utile en combat…. mais in fine auront pour but  la mise en place d’un flow.  (et non plus la self défense)
 
Toutes les disciplines sans techniques et sans formes sont en fait des disciplines de mise en place du flow. C’est très agréable  et pas forcément inutile : quand on danse, notamment, c’est cet état que l’on recherche. La danse permet également de travailler le cardio, la coordination, l’imagination, etc….Mais ce n’est pas le plus efficace pour se préparer au combat.
 
Dans l’histoire, les troupes spécialisées au corps à corps prenaient-elles des cours de danse « libre » ? Plutôt des cours de gymnastique (enfin presque….) et là il y a des formes à respecter pour améliorer l’efficacité du geste.
 
Maintenir ces formes pendant un travail d’opposition vous rend plus efficace, donc comme conséquence,  vous êtes incité à vous mettre en mode « flow » quand vous maitrisez suffisamment les bases (bases que vous allez devoir travailler en permanence pour les améliorer mais aussi pour simplement les conserver).
 
Je soupçonne fortement cet état de flow d’être celui que Henry Plée appelle l’état d’unification des cerveaux, mais ce n’est qu’une hypothèse. Henry Plée n’est pas assez précis dans ce qu’il entend par là.
 
Maintenir le flow dans un vrai combat est un énorme challenge, mais cela permet de conserver ces meilleures capacités : Cela reste, toutefois, un outil pour une personne travaillant la self défense (on est plus efficace)  et non un but (comme dans un art cérémoniel- martial ou non).
 
Comment et par quoi doit on équilibre cette recherche du flow dans le Krav Maga? La réponse dans ce prochain post par Imi Lichtenfeld himself !
 
Avec une connaissance consciente de ces deux aspects, vous pourrez aider les « jardiniers » à garantir la pérennité de votre arbre favori à travers l’hiver qui vient.
 
 
Coin culture
standing-thousand-armed-avalokitesvara-1280.jpg 

"Par exemple, supposons que dix personnes essaient de vous frapper tour à tour avec un sabre; si vous parez le premier coup de sabre, si vous n'en restez pas là, si vous l'oubliez et si vous vous occupez du suivant, alors vous ne manquerez pas de réagir à chacune des dix personnes bien que votre esprit réagisse dix fois à ces dix personnes, si vous ne laissez pas votre esprit se fixer sur quelqu'un vous pourrez vous occupez de chacun et vous ne manquerez pas d'agir.

Si vous fixer votre esprit sur une personne, bien que vous ayez pu parer le coup de sabre de la premiere personne vous ne pourrez pas réagir au coup de la deuxième personne.
[...]

Même à Avalokitesvara , pourquoi lui faut-il mille bras malgré son corps unique ? Ses représentations sont destinées a enseigner aux gens que lorsque qu'on atteint la "sagesse immobile", mille bras sont tous utiles à un corps."

 

Takuan

Mystère la sagesse immobile.

 

 

remarque 1 : L'idée de sortir du cycle des incarnations devient d'un seul coup plus rationnelle si par incarnation on entend une fixation de l'esprit. Dans ce cas, le Bouddhisme n'est effectivement pas une religion mais la mise en place d'un état d'esprit dépassant la souffrance. (= le flow)

 

Remarque 2 : Un des exercices que nous pratiquons à la FEKM est clairement un travail qui correspond à la description de Takuan sur le travail de "l'esprit immobile" dans le domaine du combat......

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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 19:27
Dans toutes les fédérations, certaines personnalités sortent du lot.
 
Mais à la différence d’un groupe où, souvent, un individu est la raison pour laquelle le groupe existe. La fédération est, dans la majorité des cas, la raison qui permet à certains de sortir du lot.  En effet c’est une réussite dans la structure (et non dans la totalité du  « monde ») qui leurs permet de prendre un ascendant relatif sur les autres.
 
Le problème c’est que le cerveau-singe ne connait que le groupe et la savane, pas l’institution et sa place dans la société.  Il identifiera toujours un groupe jamais une institution. Il ne comprendra jamais les règles d’une institution et cherchera à « plaquer » les règles du groupe sur le fonctionnement de l’institution (sans voir l’impact de son action sur l’institution et ensuite l’impact de l’institution sur la société…..).
 
Dans la fédération de ping pong (  , par exemple)
 
-Il y a Robert. Robert, personne ne peut le battre une raquette de pongiste à la  main. Il a acquis un « poids politique » certains car beaucoup de gens l’entoure pour s’entrainer avec lui ou tirer profit d’un partage technique. La fédération est à l’origine du « poids » de Robert. Robert a une maitrise supérieure à la moyenne.
 
-Il y a aussi Raoul. Raoul est un gars super sympa avec qui on passe toujours un bon moment : il est donc toujours entouré de beaucoup de monde. Raoul est à l’origine de ce groupe. Raoul a du charisme.
 
-Il y a aussi Raymond. Raymond connait toutes les stratégies du ping pong. Il sait comment utiliser la raquette avec un maximum d’efficacité. Il connait l’historique du ping pong et de sa réglementation. Il sait qu’elles sont les mouvements les plus adaptés pour tel ou tel type de règle. La fédération est  là aussi à l’origine du « poids » de Raymond. Raymond a un savoir.
 
Les dons  de Robert lui donnent une maitrise, maitrise reconnue dans la fédération de ping pong, en dehors nettement moins (dans le club d’échec, la maitrise du ping pong, bof, bof)
La personnalité de Raoul lui donne un charisme. Une caractéristique indépendante de la fédération (et du ping pong d’ailleurs…..)
Les recherches de Raymond lui donne un savoir. Comme pour Robert, ce savoir est reconnu seulement dans l’institution (dans le club d’échec, bof, bof)
 
Comme d’habitude, j’ai fait simple. On peut trouver d’autres personnalités qui sortent du lot (Roger, le connaisseur des institutions par exemple , Rodolphe le pédagogue, etc….. ).
 
C’est un modèle, pas une description de la réalité pure et dure. Je l’appelle le modèle des R. 
 
Vous voyez que toutes ces qualités sont importantes pour que l’institution perdure car il faut :
 
·         Avoir des gens se regroupant (charisme)
·         Avoir une connaissance à offrir (savoir)
·         Avoir une mise en pratique du savoir (maitrise)
 
Aucune de ces qualités n’est supérieure aux autres.
 
-Charisme et Maitrise sans Savoir ne donne qu’un pongiste incapable  de s’adapter, condamné à répéter des techniques.
-Savoir et Maitrise sans Charisme n’aboutisse qu’a un pongiste solitaire qui va perdre sa maitrise (sauf cas exceptionnel : Forrest Gump !!! )
-Charisme et Savoir sans Maitrise ne donne qu’un professeur, pas un pratiquant de ping pong.
 
Quand une même personne cumule une légitimité dans les différentes qualités, c’est très simple pour tout le monde. En effet  nous cherchons un leader en permanence (cerveau singe), comme nous le trouvons assez vite, notre cerveau de primate ne nous dis plus rien. Mais, même dans ce « cas parfait » notre cerveau "humain" doit rester critique car il connait ce travers du cerveau "singe".  Le cheval noir et le cheval blanc progressent de concert;  le cocher n’a pas à intervenir, même s’il surveille ses chevaux et la route (Toujours ! C’est ça être un humaniste).
 
Le problème apparait quand plusieurs personnes ont une légitimité dans ces qualités (même à des degrés divers).
 
Notre cerveau primate va chercher une hiérarchie et il la demandera en permanence jusqu'à ce qu’il l’ait….Certains, eux-mêmes incapables de commander leurs chevaux,  vont donc , même quand il n’y a pas de réels problèmes institutionnels, profiter de ce « déséquilibre » de la conscience présent également chez les autres, pour (dans les faits au moins) créer leur petite pyramide où ils seront au sommet.  En donnant des justifications aussi claires que :
 
-          L’esprit du fondateur n’est pas respecté (comme il est mort, il ne pourra pas contredire)
-          Dans un match contre un tatou ( ?!!!), le pouce ne doit jamais être tourné vers l’extérieur de la raquette (la griffe de tatou peut vous toucher sinon…) .Cet aspect technique est fondamental et mérite que nous prenions notre indépendance de la fédération de ping pong!?!??
-          Je suis le meilleur, je dois donc être le chef  (Oser ce type d’argument montre que les cerveaux primitifs sont très influents…Gare ! )
 
Bref du vent tout ça. Le pire étant que certains qui sortent du lot pensent sincèrement que c’est uniquement leur valeur propre qui a joué. (cerveau singe : Je suis le dominant dans la savane…..Bien ! mais elle est où ta savane, Cheeta ? )
 
  • Comme un chef d’orchestre qui dirait qu’il n’a pas besoin d’orchestre pour être un grand chef d’orchestre. 
  • Steven Spielberg, sans l’infrastructure du cinéma, vous pensez qu’il aurait eu le même succès dans la société ? (http://www.slate.fr/story/50397/films-spielberg-integrale)
 
Dans le cas des arts martiaux via les des fédérations ( et autres institutions) :
 
A la base, la primauté donnée au rapport à l’individu n’a pas réussi à résoudre, à ma connaissance, ce problème. C’est la raison pour laquelle la plupart des fédérations se divise encore et toujours. Le lien est féodal : Il est  passé d’homme à homme. Quand l’homme légitime « central » disparait, Il n’y a pas de lien entre les autres niveaux et tout est à refaire.
 
Une solution simple a été trouvée dans le passé par l’humanité. Pour gérer ce problème et dépasser le problème de la recherche du leader; le leader doit être…..l’institution.
 
Attention, cela implique juste un changement de modèle dans votre processus de pensée (si ce modèle d’ « institution leader » répond à votre éthique, bien sûr …. ). Ce n’est  pas un changement radical à mettre en place dans la manière de fonctionner de l’institution. Regardez le post sur l’importance de la discrétion dans la philosophie si vous avez un doute sur les modalités de cette solution. (Il ne faut pas que cela devienne une fin en soi ou un motif de légitimité, petit primate  ...).
 
Reprenons le mythe du chariot ailé :
 
En utilisant ce modèle de l’ « institution leader », le cocher place un leurre devant son cheval blanc (ici, le cerveau singe)  pour qu’il galope en accord avec son cheval noir (sa reconnaissance de l’institution).  Attention dans ce cas, le cocher doit surveiller la route et son environnement de manière plus attentive et doit éviter que le cheval noir ne gouverne trop sa route. Il faut donc bien connaitre le cheval noir (ses travers mais aussi ses qualités) et savoir où on veut aller.
 
A mon sens, c’est l’oubli de l’importance de cette utilisation de l’institution qui a amené tant de déboires dans les arts martiaux.
 
La plupart des pratiquants veulent se focaliser sur des personnes. Ce qui  est plus économe en terme de ressource, mais moins efficace en termes de résultats et surtout moins pérenne. C’est en fait une structure très proche de l’économie domestique. Une structure qui est donc, par construction, condamnée à sa dégrader très vite et ne peut donc jouer un rôle fédérateur et/ou de clarification technique pour les arts martiaux.
 
Considérer une institution comme un bien commun mais aussi comme le leader de tous, est, à mon sens, indispensable pour la voir se développer et perdurer dans le temps.
 
En conséquence :
 
·         La fédération n’est la propriété de personne : même pas du « président » qui ne peut donc pas faire n’importe quoi. Présider a un sens bien précis, différent d’un comportement de singe dominant.
 
·         La fédération est au-dessus de tout  le monde (c.à.d. tout le monde doit rendre des comptes).
 
·         La fédération, elle-même en tant que leader/personne morale, doit rendre des comptes et s’engager :  La communication ce n’est pas un « effet secondaire » du travail d’une institution. C’est indispensable et fondamental pour permettre à chaque cocher de s’assurer  que son cheval noir et la route suivie (personnellement ou institutionnellement)  sont conformes à l’objectif qu’il a décidé. 
(Avis personnel, 100% subjectif mais 100% sincère, je trouve que la FEKM a une manière simple et efficace de le faire : Un vrai Krav Maga institutionnel ! )
 
Et pour être un peu poétique :
 
  • Comme un arbre, la fédération doit être entretenue régulièrement par tous (les débutants aussi ont un rôle….)
  • Comme un arbre, il peut y avoir plusieurs jardiniers. (le spécialiste des feuilles, des racines, de l’eau, de l’engrais, de la coupe, du type d’arbre,  de la météo, etc…). J’exagère un peu mais vous voyez l’idée : Vous n’allez pas mettre les jardiniers en concurrence, espèce de petit primate !  Par contre rien n’empêche d’éprouver de la reconnaissance pour eux (même à titre individuel) et pour le don qu’ils nous ont fait avec leur travail sur l’arbre, espèce de petit humain !
  • Comme un arbre, il y a une idée (graine/ but premier) qui doit exister avant le développement (dans le cas de la FEKM, la diffusion d’un krav maga authentique : un art martial de self défense)
  • Comme un arbre, son utilité est dans ses fruits pas dans les jardiniers
  • Comme un arbre, il ne vous déplace pas, ce sont vos petites jambes qui vous permettent le déplacement (votre entrainement)
  • Comme un arbre, ma valeur n’est pas définie par le nombre de fruits que j’y trouve (si certains ont une plus grande échelle, tant mieux pour eux)
  • Comme un arbre, tout le monde peut profiter de l’ombre ou de ces fruits, il suffit de s’en approcher.
  • Comme un arbre réel, il n’est pas parfait mais cela ne veut pas dire qu’il ne donne pas d’ombre ou des fruits savoureux.
  • Comme un arbre, son côté fixe lui donne son intérêt pour s’orienter (passage de ceinture) même quand on a mangé les fruits (acquisition des techniques).
 
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Tiens quel arbre pourrait symboliser la fédération responsable d’un art martial développé au moyen orient ?
 
  • Un arbre méditerranéen
  • Un arbre symbole de solidité
  • Un arbre symbole de longévité
  • Un arbre symbole de paix
 
Vous voyez ?…. 
 
 
Bref un arbre me semble une bonne image pour comprendre le rapport que nous, pratiquants, devons avoir avec notre fédération. Une image différente du Léviathan hobbesien qu’inconsciemment (je pense) beaucoup de présidents et de pratiquants  utilisent car ils ne connaissent que ce modèle pour une institution. Un vrai manque de formation philosophique….. Un comble pour des gens qui soi-disant font de la philosophie et pas de la « vulgaire » self défense. 
 
 
 
Cette idée de bien commun à entretenir est fondamentale pour une fédération et de là découle deux principes majeurs :
 
1- A partir du moment où c’est un bien commun, il doit être indépendant de toute personne et veillé par tous.
 
2- Cette indépendance doit être assurée par la gouvernance. Quand je dis gouvernance, je parle d’une vraie gouvernance : Un truc réfléchi et construit, où un enfant peut comprendre la gestion du pouvoir. (C’est cela le feu « politique » de Prométhée : Le pouvoir) . Nous devenons pleinement des humains quand nous savons gérer le feu et le pouvoir. Ceux qui refusent l’usage du pouvoir qui leur est échu (sans une vraie justification) sont aussi malsain que ceux qui veulent l’accaparer à tout prix : Le moteur fondamental est le même : Ils veulent rester des enfants toute leur vie (Sans se mettre de limite et sans responsabilité).
 
Cette gouvernance et la communication associée, en permettant la « surveillance » par le cocher, permettent au  cerveau « humain » des personnes présentes dans une institution de prendre le dessus sur leur cerveau « singe » : C’est la Société que je définissais comme étant de type 1. (entrainement du cocher et non appel aux chevaux)
 
C’est d’ailleurs la réponse au  problème de la guerre des rats entre eux, automatique à partir d’un niveau seuil d’une population de rats, problème posé à notre sagacité par….. Henry Plée. Contrairement aux rats, nous pouvons utiliser notre cerveau humain, si nous le mettons en route…et ainsi éviter de nous autodétruire.
 
Si on se contente d’une gouvernance via les relations des personnes, on aboutit à des groupes  avec un comportement de primate (société de type 2) sauf dans le cas d’un leader avec une personnalité humaine exceptionnelle qui projette son éthique sur la morale du groupe avec une force suffisante pour générer un comportement humain du groupe. C’est un cas rare (un leader « gourou » primate est plus classique….) et malheureusement difficilement maintenable dans le temps (le problème du stoïcisme).
 
 
Aparté
 
Il arrive que certains confondent le travail d’un président avec un rôle de « chef de bande ». Ils ne vont plus voir (ou ne jamais comprendre) que leur responsabilité n’est pas de diriger l’institution  vers un endroit donné ( par exemple , une endroit choisi par des autorités au-dessus d’eux pour des raisons qui « échappent » aux pratiquants….) mais de garder intact la structure (intact ne veut pas dire sans modification).  
 
En effet, la direction d’une institution est donnée, non par le président mais :
- dans le modèle table ronde, par tous les membres de l’institution
- dans le modèle pyramidale, par le Pharaon. Rien ne dit que le président et le Pharaon sont confondus. Le Droit français sépare d’ailleurs, généralement, les deux ; même si dans les faits les deux fonctions sont souvent regroupés. Ce n’est pas un hasard : cela a des avantages (claironnés) et …. des inconvénients (dont on parle à voix basse quand les enfants dorment ).
 
Pour les fédérations sportives en France, de par le volontariat à l’origine de la pratique, c’est le modèle table ronde qui prédomine.  Mais certains présidents utilisent des méthode d’une éthique douteuse pour transformer leur fonction de président et devenir des « pharaons » ; dévalorisant, au passage, l’usage des institutions pour tous les pratiquants : Un calvaire pour un gars comme moi, amoureux des institutions avec des structures harmonieuses !...  Oui, je sais, je suis un pervers mais je m’assume ! 
 
Les chinois avaient une très belle expression pour un leader qui perdait de vue cette importance de garder la structure. On disait que l’empereur avait perdu le mandat céleste.
 
Bien sûr il y a toujours de bonnes raisons pour perdre ou « oublier » le mandat céleste. Une propagande bien appliquée peut tout expliquer....Mais la réalité, à ce niveau-là, rattrape toujours l’institution et fait toujours payer ce manque d’éthique aux individus. (Cf Apologie de Socrate)
 
Fin de l’aparté
 
 
Tiens, en passant si vous relisez la dernière phrase du code moral de la FEKM,  vous comprendrez maintenant l’ importance que je lui accorde.
 
 
La prochaine fois :
Pour qu’un arbre pousse correctement, il faut l’entretenir.  L’arbre à la FEKM est partie d’une graine très simple (la self défense uniquement) qui nécessite peu d’entretien (et une gouvernance très légère) …Mais il nécessite quand même, je pense, un petit entretien auquel tout le monde doit participer (débutant, ancien, etc…) pour que l’arbre continue à donner des fruits et ne soit pas pillé. Nous verrons la première partie de cet entretien dans le prochain post. Et pour cela, je tiendrais l’engagement pris sur un ancien post : Mihaly Czymtaldisky.
 
 
 
 
 
 
Coin culture
 
« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple.
[…]
Je me résume, Messieurs. L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu’exige l’abdication de l’individu au profit d’une communauté, elle est légitime, elle a le droit d’exister. Si des doutes s’élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles ont bien le droit d’avoir un avis dans la question. Voilà qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre terre à terre. « Consulter les populations, fi donc ! quelle naïveté ! Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens d’une simplicité enfantine. » ― Attendons, messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux, reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé."
 
 
 
Ernest Renan

Qu’est-ce qu’une nation ?
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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 19:35
Le post "Qi gong, Taichi chuan et Krav Maga" m'a valu divers retours.

L’un d’eux m’a particulièrement intéressé.

En effet, il montre une application des principes explicités dans une discipline "exotique", au vu du contexte de ce blog : le Tango.

fabian-perez-peinture-fabian-perez-tango-img.jpg
Avec l’accord de l’auteur, voici son message :

 

"Bonjour,

j'apprécie votre réflexion sur la pratique du krav et les mises en perspective que vous faites, tout particulièrement l'article du 7 mai 2013:

http://krav.philo.over-blog.com/article-qi-gong-tai-chi-chuan-et-krav-maga-117639469.html

et je voulais vous faire part d'une réflexion qui m'est venue à sa lecture, quand vous comparez les pratiques d'un art martial et les chorégraphies d'un art cérémonial.

Je suis débutant au krav mais j'ai plus de 10 ans de pratique du tango argentin, une danse assez complexe qu'on imagine malaisée à mettre en parallèle avec un art martial, et pourtant... voici les quelques points que votre article m'a donné envie de vous communiquer:

- la notion "manière interne" - "manière externe" est complètement applicable à cette danse où il n'existe pas de "forme" (entendre: il n'existe pas de séquence préatablie qu'il s'agit d'exécuter) mais seulement une "manière" de danser. C'est la principale difficulté à faire surmonter pour les débutants qui, à défaut, ne fond que mimer des mouvements sans arriver à les danser.

- vous notez que, dans les arts martiaux, c'est le niveau de pratique qui permet de rester en manière interne en cas d'opposition. En tango, on retrouve exactement la même définition du niveau, car la danse est caractérisée par une extrême sensibilité aux conditions d'environnement (le nombre de danseurs aux alentours notamment, du fait de leurs trajectoires non programmées). De l'origine même du tango, les danseurs sont censés être capable de s'arrêter à n'importe quel moment dans n'importe quelle position/posture: ce n'est certes pas aussi violent que de faire face à une opposition en situation de combat de rue, mais c'est proprement inimaginable pour beaucoup de chorégraphes et encore plus pour les adeptes des danses de salon européennes.

- enfin, le processus de pacification d'une activité par le biais de son intégration dans des systèmes de fédérations ou autres organismes a également produit les mêmes effets dénaturants quand on songe à ce qu'est devenu le tango dit de style (ou de compétition). Au point qu'un mouvement s'est produit dans le (petit) monde du tango argentin en France pour refuser par deux fois (1997 puis 2008) toute tentation de mise en place fédérale ou de mise sous tutelle du ministère de la culture: nous avions perçu que ces superstructures auraient pour effet inévitable de diluer ces racines primitives du tango dans des codes bien plus maitrisables mais si dénaturants.

Bonne continuation,

Benoit"

Un grand merci pour ce message sympa et instructif !
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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 20:32

 

 

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Le dimanche 4 mai 2013 a eu lieu le championnat de France de Krav Maga organisé par la FFKDA.

 

Ce championnat était attendu avec impatience par les pratiquants des deux principales fédérations de Krav Maga en France : La FEKM et la FFKDA, mais pour des raisons différentes.

 

· Pour les pratiquants FFKDA, c’était bien évidemment le stress d’une compétition.

 

· Pour les pratiquants FEKM, l’impatience était d’un ordre un peu différent. Ce championnat allait permettre de juger ce que la FFKDA proposait en terme de Krav Maga (Pour rappel, la FEKM a déjà montré dans de nombreuses vidéos, démonstrations et livres ce qu’elle proposait et le niveau qu’elle attendait à chaque « ceinture »). C’était donc l’occasion de voir (enfin ! ) le résultat de la prise en main du Krav Maga par la FFKDA avec une commission nationale formée pour veiller sur le niveau des pratiquants.

 

Personnellement , après avoir entendu dire que l’entrainement au Krav Maga de la FFKDA était aussi bon que celui de la FEKM, j’avais également hâte de voir ce que donnait des pratiquants de Krav Maga formés avec la « pédagogie » de l’institution FFKDA.

 

Au passage, on sent que la compétition de self défense a le vent en poupe en ce moment. Le 27 avril, à Dieppe a eu lieu le championnat de Self Défense organisé par M. Lombardo. ( A mon avis, c’est aussi "dangereux" que pour la FFKDA, voir plus bas mon développement)

 

Après avoir vu quelques démonstrations, mon opinion a commencé à prendre forme. Elle n’est pas très favorable à la FFKDA. Mais vous allez voir, c’est secondaire. Après tout le Krav Maga à la FFKDA n’a que deux ans. On ne peut pas demander un super niveau à des « débutants » même s’ils ont pratiqué un autre art martial avant. Je n’étais donc pas surpris et ce n’était pas significatif. Le résultat était conforme à ce que la simple logique laissait présager.

 

Notez toutefois que c’est différent du message et des prétentions véhiculés par la FFKDA. Mais bon ! Quand on passe de quelques centaines d’adhérents à la FFKDA (après le départ de la FEKM) à 6000 adhérents ( revendiqués par la FFKDA sur son site officiel) en moins de deux ans, on ne peut pas faire de miracle. Bien évidemment il y en a certainement des pratiquants FFKDA avec un bon niveau en Krav Maga (en ayant pratiqué auparavant dans d’autres fédérations notamment). Mais les expérimentés (et donc normalement les avisés….) n’ont logiquement pas participé à une telle compétition. Vous comprendrez à la fin de ce post qu’ils avaient plus à perdre qu’à gagner sans que leur niveau de maitrise en self défense puisse y faire quelque chose…. Enfin à leur place, cela aurait été ma ligne de conduite ! Je ne considère donc pas le niveau global comme significatif.

 

C’est un autre point qui m’a interpellé.

 

Certains de ceux qui ont participé à cette compétition FFKDA sont d’anciens de la FEKM. Je les côtoyais en ce temps et je les trouvais très bon (comprenez : bien meilleur que moi ! ). Ceci regroupant un ensemble de point : Connaissance des techniques (je rappelle que les techniques de Krav Maga ont été très réfléchies et expérimentées, l’originalité pour l’originalité n’est pas de mise….), précision des techniques, vitesse des mouvements, vitesse des enchainements, équilibre général, maintien d’une structure du corps pendant l’enchainement , etc…..

 

Et là quelque chose m’a frappé ! La connaissance des techniques est acquise à vie. Je n’avais donc pas de doute sur la valeur technique de la démonstration en tant que telle. Par contre les autres qualités étaient bien en dessous du souvenirs que j’en avais. (Cela ne veut pas dire que je considère être maintenant meilleur qu’eux ). En terme de vitesse, d’explosivité, de fluidité, etc….. Il y avait un monde entre mon souvenir et ce que j’ai vu. Je veux bien croire que pour une compétition, il puisse y avoir un stress supplémentaire et donc une prestation en dessous de son optimum. Mais là, on était clairement en dessous de ce que j’avais connu. Je reprécise que je n’ai rien à dire sur les technique, c’est uniquement sur l’exécution que j’émets un avis.

 

Comment expliquer un tel recul ?

 

Vu que leur niveau de maitrise a été reconnu en progression lors de récents passages de grade à la FFKDA, je ne vois qu’une explication :

 

La FFKDA ne permet pas de travailler au même niveau que la FEKM.

 

Je vous avais parlé du fait que l’on devenait ce que l’on intégrait : une des « lois » de l’éthique.

 

A mon sens, la FFKDA, poursuivant un but autre que l’augmentation des capacités en self défense des pratiquants (au contraire de la FEKM); ce but différent produit une dégradation de la maitrise des capacités de self défense, puisque ce n’est pas ce qui est travaillé en priorité !

 

(Au passage, Henry Plée avait parlé de cet effet et mettait en garde les pratiquants tentés de faire « cavalier seul » sans s’être aperçus de l’importance de l’institution dans leur pratique. Il faut être exceptionnel pour démarrer et réussir quelque chose seul : G. Funakoshi, J. Kano, etc…)

 

Comment, pourquoi ? Je pense qu’une analyse complète pourrait l’expliquer (trop de temps dans l’administratif, dans les cours, dans la communication, etc… ?? ). Mais, pour moi, le résultat est sans appel : Je vois des pratiquants dont je reconnais le niveau perdre de leur maitrise.

 

Vous connaissez le proverbe : « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois …..» ?

 

Je pense que la suite de ce proverbe devrait être : « ….jusqu’à ce qu’ils deviennent aveugle ! «

 

Dans un royaume d’aveugle, il n’y a pas besoin de lumière. Les borgnes ne peuvent pas justifier la mise en place d’un éclairage dans les bâtiments ou pendant la nuit. Ainsi (en exagérant un peu ), au fur et à mesure, ils doivent s’habituer à vivre dans le noir et perdent la capacité de voir….

 

Je pense que les gens qui ont quitté la FEKM savaient que le niveau de la FFKDA était plus bas. J’imagine qu’ils pensaient que cela leur permettrait de devenir des références dans cette fédération et d’avoir une reconnaissance plus rapide que dans l’institution FEKM. (je dis bien j’imagine !!! Mais ils n’ont pas beaucoup communiqué sur les raisons de leur départ, j’en suis donc réduit aux hypothèses)

 

Quel manque de connaissance de la science des « institutions » ! Un tel cas est extrêmement rare : Il faut une personne douée de capacités politiques ET éthiques exceptionnelles pour réussir un tel exploit (quel que soit la taille de l’institution). La règle commune, c’est l’institution qui vous avale même quand vous connaissez le dessous des cartes.

 

Pour bien imposer son pouvoir, une institution sportive pourrait, par exemple, lors des compétitions influer le résultat pour que le meilleur ne gagne pas, voire soit éliminé. Elle démontrerait ainsi (par les faits) qui détient réellement l’autorité, au cas où un « jeune premier » ou même une "bande" voudrait faire usage de leur niveau de maitrise supérieur par rapport aux autres pour gagner une légitimité dans la discipline (et acquérir ainsi un poids politique).

 

Petite démonstration de la possibilité de déterminer des résultats en compétitions, y compris à un haut niveau institutionnel sportif, pour les inévitables incrédules (à 2minutes40 notamment).

 

 

 

 

 

La seule solution réside dans la séparation vis-à-vis de l’institution pour se préserver et s’améliorer. Pour prouver que l’on n’est pas tombé dans les « pièges » des cerveaux reptilien et mammalien, il est conseillé de bien expliquer les motifs (=le modèle que l’on a en tête). Ainsi, lors du départ de la FFKDA, la FEKM a documenté, sur son site internet, les raisons de son départ pour que le public puisse juger de la pertinence et de l’efficacité (ou non….) de ses choix. Et oui, contrairement à d’autres fédérations de Krav Maga ou de « pseudo- Krav Maga », la FEKM s’engage dans ses actes. C’est pour ça que je la reconnais.

 

Développons par d’ailleurs un point important autour des compétitions de self défense.

 

Pour moi, c’est un oxymore.

 

Je vais d’ailleurs laisser parler M. Alain Formaggio qui enseigne le Krav Maga à la FFKDA et qui fait partie de la commission nationale. A ce sujet que dit il ?

 

« Si l'on organisait une compétition de self-défense sous forme de combat,on serait obligé de codifier et cela dénaturerait la discipline. Il faut donc, pour des raison de sécurité qu'il n'y ait pas opposition entre les deux pratiquants,mais plutôt complicité ou échange.»

 

 

Nous sommes ainsi dans une logique de coopération dans la compétition technique de Krav Maga. (Au passage, ce n’est pas le cas dans les compétitions cérémonielles (Kata) de Karaté de la FFKDA).

 

C’est bien compris et reconnu par la FFKDA, ce n’est pas une de mes analyses.

 

En tant que tel rien à dire ! Toutefois, dans le dernier post, j’ai montré (en prenant l’exemple révélateur du niveau en combat souple de maitres de Tai chi chuan et de la grue blanche) que la capacité de self défense devait se construire dans un travail d’opposition et non de coopération.

 

Une logique de coopération revient à travailler une chorégraphie. Ce n’est pas un problème en tant que tel, mais c’est d’une utilité très limitée pour la self défense. Certes, on améliore le cardio, la maitrise corporelle , etc… Mais cela reste très différent de ce qui est demandé dans une logique d’opposition (voir post précédent).

 

Ceci revient à dire qu’une démonstration n’est pas utile pour la self défense ?

Tout à fait !

 

Mais même à la FEKM, vous faites des démonstrations ?

Tout à fait !

Mais c’est pour faire connaitre la discipline, pas pour définir une quelconque « hiérarchie » entre les pratiquants (Pour être clair, à la FEKM, en Self Défense, nous sommes tous les meilleurs par rapport à tous ….Il suffit de choisir le bon moment ! ) . De plus, une démonstration est considérée comme un cout de structure : Le temps que les pratiquants passent à préparer une démonstration n’est pas un temps où la capacité en self défense est améliorée. C’est donc un temps à réduire au minimum. Nous sommes contents et fiers de montrer (et démontrer) notre Art à l’extérieur des salles mais nous savons que le Krav Maga est différent d’un spectacle.

 

Le travail de démonstration de la FEKM sert la FEKM. Indirectement il sert le Krav Maga car la FEKM a pour but le Krav Maga « self défense » mais c’est indirectement que le soutien a lieu.

 

N’est-ce pas de l’évidence ?

 

Non ! pour un sport de combat, le but est la rencontre entre deux athlètes (le match). Même si c’est dans une logique d’opposition, la compétition est bien le but. Il est donc logique qu’une institution sportive mette beaucoup de moyens, de gratifications et s’organise autour de cet aspect. Pour la boxe anglaise, par exemple, Cus d’Amato reconnaissait bien que cette finalité « spectaculaire » avait un impact jusque dans la manière de boxer.

 

Pour un art cérémoniel, le but de la chorégraphie peut aussi être un spectacle ( présentation d’une autre culture, présentation de capacités physiques hors normes, beauté plastique, chromatique, musicale, etc….). Là encore si le cadre est bien posé, une allocation importante des moyens et un travail orienté sur l’esthétique plutôt que sur l’efficacité sont dans l’ordre des choses.

 

Tout cela ne me choque pas.

 

Ce qui me pose problème, c’est, dans le cas de la self défense, de transformer une démonstration en compétition. J’observe trois effets :

 

1- C’est le début d’une transformation d’un art martial de self défense en art cérémoniel/art sportif ( C’est exactement ce qu’a connu le Karaté, tirons profit des erreurs de nos prédécesseurs !)

2- C’est un gaspillage des moyens d’une fédération (location du lieu de la compétition, bénévolat des arbitres, organisation de l’événement, communication sur l’événement, etc….). Et attention, on utilise nos impôts dans les fédérations reconnues par l’état français ! Quand est ce que nous avons notre mot à dire sur une telle utilisation ? No taxation without representation !

3- Ceci génère, inévitablement, des tensions entres les participants. Le gagnant en profitant pour se faire « mousser » au détriment du perdant. Ce qui peut même devenir un problème financier ou de reconnaissance : Stage avec X, vainqueur de la compétition de self défense ou stage avec Y, vaincu de la compétition de self défense ?

 

Vous imaginez les pressions à gérer ? Il faut une énorme force institutionnelle pour gérer ces types de conflit d’intérêt avec une gouvernance extrêmement bien organisée( et donc pas à la mode française….) .

 

Quel que soit leurs motivations pour la pratique (passion, aspect financier, reconnaissance, etc....) , les personnes expérimentées en self défense ET avisées n’ont donc aucun intérêt à s’investir personnellement dans une compétition chapeautée par une institution avec une gouvernance faible.

 

Ceci même quand elles font partie de l’institution. Car une compétition peut devenir l’instrument d’un pouvoir de l’institution sur eux sans qu’il ait un gain réel à attendre d’une telle prise de risque.

(pour les gens extérieurs à l’institution, c’est encore plus évident…..).

 

En résumé :

 

La compétition technique de Krav Maga du 4 mai 2013, n’a fait qu’officialiser la naissance d’une discipline cérémonielle : La Krav Danse, inutile en self défense.

 

Elle démontre également, à mes yeux, que la FFKDA ne permet pas d’avoir des conditions d’entrainements correctes.

 

Plus important, les retours dont je dispose sur les DEUX compétitions de self défense dont j’ai parlé, confirment que ce type de compétition est une perte de temps et d’énergie pour les participants et les organisateurs. (pour améliorer la self défense des pratiquants, j’entends ! )

 

Difficile également de croire qu’avec une structure de gouvernance aussi simple que l’association loi 1901, il puisse y avoir un « esprit » de la discipline différent de l’esprit institutionnel.

 

Or, je ne reconnais pas l’esprit « minimaliste » du Krav Maga dans une institution qui utiliserait un tel outil institutionnel (voir le post sur les racines du Krav Maga).

 

Certes, in fine, on peut dire que c’est l’institution du ministère qui impose une compétition et que la FFKDA a un esprit différent (que l’on trouve dans son code moral : sincérité, courage, droiture, etc….). C’est oublier que la self défense se résume en une phrase : « Ne pas subir ».

 

En acceptant sans réagir le dictat du ministère (qui a interprété la loi en imposant une compétition sportive à une self défense ?), la FFKDA ne fait que suivre une morale qui, dans les faits, démontre que cette institution n’a plus rien d’une institution valorisant la self défense ( par contre cela va bien avec une discipline d’inhibition….). Connaissant, par expérience, les effets dévastateurs d’une pratique de compétition sur une discipline de self défense, il était du devoir moral de la FFKDA (dont nous payons une partie des frais de fonctionnement) de s’opposer de manière publique au ministère et d’expliquer pourquoi elle considérait que le service public d’apprentissage de la self défense ne pouvait pas faire l’objet d’une compétition. Cela nécessitait seulement du courage et de l’intégrité, le sens politique était ici inutile…..voire encombrant.

 

Conclusion : Il me semble évident que la discipline pratiquée à la FFKDA qui valorise la beauté du geste, l’originalité et l’aspect cérémoniel est une nouvelle discipline : Le Krav Danse (ou « combat dansé» en français). Une discipline qui mériterait d’être portée par le ministère des Arts ( ) mais certainement pas par celui des sports et de l’Education Populaire ( ).

 

 

 

 

Coin culture

 

"Vous venez de me condamner dans l'espoir que vous serez quitte de rendre compte de votre vie. Or c'est tout le contraire qui arrivera je vous l'affirme. Il va s'élever contre vous un bien plus grand nombre de censeurs que j'ai retenu sans que vous vous en aperceviez; censeurs d'autant plus difficiles, qu'ils sont plus jeunes, et vous n'en serez que plus irrités; car si vous pensez qu'en tuant les gens, vous empêcherez qu'on vous reproche de mal vivre, vous vous trompez. Cette manière de se délivrer de ses censeurs n'est ni honnête ni possible : celle qui est en même temps et la plus honnête et la plus facile, c'est, au lieu de fermer la bouche aux autres, de se rendre meilleur soi-même."

 Apologie de Socrate

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Published by KRAV MAGA et PHILOSOPHIE
7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 20:16
Après avoir donné ma vision actuelle du rapport entretenu entre le système sportif français et les arts martiaux, il est temps de voyager un peu.
 
(Au passage, vous allez voir que l’accaparement des arts martiaux par le système sportif français, en relatif, n’est pas si mauvais que ça : ça aurait pu être bien pire)
 
Pour cela intéressons-nous au Qi gong et au Tai chi chuan !
Kung-Fu-Panda-2-copie-1.jpg
 
Je trouve ces deux points très intéressant à étudier. D’abord parce que cela ouvre les yeux sur une autre culture (j’apprécie les approches multiples, vous vous souvenez  et je trouve très intéressante l’histoire de la Chine quand on s’intéresse aux dislocations sociétales…) mais aussi parce que beaucoup de personnes font une différence entre les arts martiaux asiatiques « sinisés» et les autres en mettant en avant l’aspect thérapeutique (et spirituel) du travail sur le Qi (ou le Ki...)  lié à la pratique des styles « internes » (qui permet de devenir un surhomme en méditant ).
 
Aparté
Sur l’aspect « sagesse millénaire » des disciplines « orientales » j’ai déjà donné mon avis sur ce blog, je n’y reviens pas.  Si j’ai le temps, je vous dirais pourquoi, à ma connaissance, des « intellectuels » occidentaux ont habillé, de leur propre chef, les disciplines orientales d’oripeaux de sagesses  (Teaser : Nietzche est dans le coup ! ).
Après cela, des « maitres en  marketing» de l’Orient, qui n’avaient rien demandé, ont eu un boulevard pour vendre leur soupe de « sagesse martiale »….Le bon cote des choses étant que cela a permis de maintenir un pool de pratiquant dans notre culture mais malheureusement de moins en moins habitué à travailler dans la réalité.
Fin de l’aparté
 
 
Revenons au sujet : pour les adeptes du cerveau reptilien/binaire, il y a d’un cote les arts martiaux « interne » (faisant appel à  un public intelligent et cultivé) et de l’autre les arts martiaux « externes » (faisant appel à un public bas de plafond incapable de comprendre les subtilités du travail énergétique, bref des gens qui font de la self défense et du travail musculaire primaire…)
 
Bien sûr, cette séparation fait bien les affaires de ceux qui vivent de la segmentation du marché des arts martiaux, mais c’est un pur hasard. (voir les posts précédents)
 
Bon, on commence le jeu de massacre par quoi ?
 
Comme je n’ai pas envie de passer pour un intégriste de ma discipline et de ma fédération, je vais faire appel à un pratiquant de Tai chi chuan qui mérite d’être reconnu par ceux qui aiment s’entourer de réalité (Accessoirement c’est aussi plus facile pour moi, j’ai beaucoup moins à écrire ).
 
Bien entendu je parle de José Carmona.
 
José Carmona est né en 1962. Diplômé en langue chinoise, il a consacré plus de vingt ans à l’étude du Taiji quan. Il a écrit plusieurs livres. Je ne les ai pas tous lu mais leur construction montre clairement une démarche critique et documentée à la source (c’est suffisamment rare dans le milieu pour être signalé)
 
Sur le Qigong, M. Carmona a écrit sur son site trois articles :
 

 

 
 
Je vous résume les points que je trouve les plus intéressants
 
-Le Qigong n’a pas de réalité historique dans la chine ancienne
-Il est né dans les années 1950 AVEC l’appui du parti communiste chinois de l’époque pour avoir une médecine même si les moyens matériels de l’époque (infrastructure !!!!) étaient insuffisants pour faire jeu égal avec l’occident.
-Il a connu une mise en sommeil pendant vingt ans pour réémerger d’une manière complétement hallucinée dans les années 1980 (pouvoirs spéciaux, projection à distance, télépathie, etc…) avec entre autre le falungong.
-Pour "casser" le Qigong, qui était devenu gênant, on l’ a intégré dans le ministère des sports chinois (c’est une manie de mettre tout ce qui dérange dans le sport !!) et on a abandonné en Chine, l’aspect thérapeutique.
-Il n’y a pas de lien direct entre le Qigong, le Taoïsme et le Bouddhisme.
-Le Qigong est une pratique avec une forte orientation «religieuso-politique» (non !!!! ).
Après avoir entendu tant de trucs hallucinés sur le Krav Maga que je pratique à la FEKM (je précise la fédération, c’est important….)  par des pratiquants d’arts martiaux chinois…….C’est marrant cela me rappelle l’histoire de la paille et de la poutre.
 
Pas mal ! Hein! Cela donne une vision plus réaliste du soft power lié aux disciplines chinoises .....
 
Sur le Tai Chi Chuan, un autre article du prolixe M. Carmona :
 
 
Les points intéressants :
 
-          A l’origine l’opposition style externe et style interne était probablement un « déguisement » littéraire permettant de faire passer des idées de révolution sous la censure Mandchoue. Ces termes recouvraient la méthode pour chasser l’envahisseur Mandchou : la  non-violence contre la  violence. Et oui, quand on approfondit les arts martiaux, on arrive toujours à cette question, même il y a quatre siècles en Chine.
-          Le mont Wudang n’a jamais été l’équivalent de Shaolin. Il s’agit d’une « publicité » mise en place par le pouvoir chinois pour valoriser la discipline « interne » et la mettre sur un piédestal équivalent au kung fu « externe » de Shaolin (Ou comment transformer une self défense en discipline cérémonielle moins problématique pour n’importe quel pouvoir centralisateur…..)
-          Le Taichi chuan est une boxe inspirée de celle de Shaolin (et accessoirement a été influencé par les techniques militaires classiques de la Chine).  (je rajoute : L’aspect éthéré et « interne » est venu après quand des intellectuels se sont mis à pratiquer. )
-          Le Tai Chi Chuan de self défense date de la fin du 19e siècle/début du 20eme siècle.  Dans les années 1970, il était moribond.
-          Le retour en grâce du tai chi chuan  après les années 70 a été dû à une volonté politique par pur altruisme pour promouvoir une activité cérémonielle avec un lointain passé de self défense …... 
-          « On » a donné une origine « simple » (paysanne) au tai chi chuan car cela était en accord avec la doctrine du PCC. 
-          Le tai-chi-chuan est imprégné d’une morale confucianiste (et non pas seulement taoïste)
             (= idéal d'ordre et non pas seulement de liberté ......)
 
Boum !
 
 
Là J. Carmona vient de dynamiter un pan entier de l’image des arts martiaux. Merci José !
 
Au passage, j’aime (et j’admire) les capacité athlétiques que démontrent les experts orientaux des "arts internes" (y compris dans les « coulées » de main)….Simplement il faut bien comprendre que c’est de la danse/gymnastique plus qu’un art martial.
 
En Résumé: Il n’y a pas d’art interne et d’art externe. C’est un malentendu entretenu (sciemment ? ) depuis quelques décennies pour scinder le milieu des arts martiaux.
 
 
Il y a éventuellement une manière externe (en puissance, saccadé, sans intégrer les réactions de l’adversaire)  et une manière interne (en fluidité, en technique, avec une bonne perception de l’adversaire)  de pratiquer toutes les disciplines martiales.
 
Mais ce n’est pas une question de style, c’est une question de niveau. 
 
Je répète car c’est fondamental
 
Ce n’est pas une question de style, c’est une question de niveau
 
Toutes les disciplines peuvent être travaillées en externe ou en interne. Cela dépend du pratiquant et de son niveau.
 
Bien sûr, pour travailler de manière interne (plus complexe), il faut avoir maitriser la manière externe. 
 
Je pense que si on commence directement par de l’interne, on fait de la danse (ce qui est très bien quand on comprend vraiment ce que l’on fait) car il n’y a pas d’acquisition d’un maitrise (technique et mentale) face à une réelle  opposition. Attention, je parle d’opposition pas de violence ou de souffrance.
 
Il y a juste acquisition d’un maitrise technique corporelle (une chorégraphie, quoi ! ).
 
En cas d’opposition (dans un contexte sportif ou non), s’il n’y a pas eu entrainement préalable à l’opposition, cette maitrise « chorégraphique » disparait et on se retrouve à faire de l’externe puisque l’on n’a pas appris à gérer l’opposition malgré ces longues années d’entrainement chorégraphique….en solitaire ou non.
 
Pour illustration:
 
1- Quand deux pratiquants d’arts internes se rencontrent et bien le style du combat est dépendant de leur niveau (ici , c’est clairement de l’externe, un comble pour un maitre de la grue blanche et un autre de Taichichuan qui sont dans un combat d’exhibition…)
 
 
2- Mike Tyson au sommet de sa forme était clairement un pratiquant interne (regardez sa fluidité, son sens de l’esquive, sa pureté technique, etc….)
 
 
3- Dans le Krav Maga, on peut aussi travailler de manière interne à partir d’un certain niveau y compris pendant les combats.
(On voit avec cette vidéo qu'à la FEKM, les pratiquants sont entre les maitres chinois et Mike Tyson )
 
Bien sûr, il existe des fédérations de Krav Maga incapables de travailler au niveau de l’interne. Mais c’est un problème de niveau  pas un choix.
 
Les bons pratiquants (quelque soit la discipline d’opposition : en self défense ou en sport de combat) font tous de l’interne : C’est ce qu’il y a de plus efficace et de plus durable aussi bien pour l’efficacité en combat que pour la santé à long terme du pratiquant.
 
Un peu de recul :
 
Pour montrer que je ne suis pas victime de mon cerveau reptilien, deux points complémentaires :
 
1-      J’ai appris et je pratique régulièrement les étirements chinois du Qigong (surtout les huit pièces de brocard), sans mettre le pseudo Qi mystique  derrière. Je les trouve simple à mettre en œuvre et efficace.
2-      Il y a, je pense, une réelle utilité à maitriser un savoir médical, d’une efficacité inférieure à notre système actuel mais indépendant de l’infrastructure de notre système de soin (institution) pour fonctionner. Attention, là je ne parle plus d’art martial mais d’art de guérison ( comme pour l’art martial, il doit reposer sur des bases scientifiques et non pas sur un fantasme de guérison, d’immortalité ou de pouvoirs supérieurs).
Cela peut être utile en cas de Dislocation de la société…..
 
 
Coin culture :
 

La Vérité:

Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
D'abord on le tue
Puis on s'habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier
Après sans problèmes
Parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté.

J'affirme que l'on m'a proposé beaucoup d'argent
Pour vendre mes chances
Dans le Tour de France
Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens
Et dans le spectacle
Y a pas de miracle
Le coureur a dit la vérité
Il doit être exécuté.

A Chicago un journaliste est mort dans la rue
Il fera silence
Sur tout ce qu'il pense
Pauvre Président tous tes témoins ont disparu
En chœur ils se taisent
Ils sont morts les treize
Le témoin a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Le monde doit s'enivrer de discours pas de vin
Rester dans la ligne
Suivre les consignes
A Moscou un poète à l'Union des écrivains
Souffle dans la soupe
Où mange le groupe.
Le poète a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Combien d'hommes disparus qui un jour ont dit non
Dans la mort propice
Leurs corps s'évanouissent
On se souvient ni de leurs yeux ni de leur nom
Leurs mots qui demeurent
Chantent "juste" à l'heure.
L'inconnu a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
La foule sans tête
Etait à la fête
Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
C'est plus juste en somme
D'abattre un seul homme.
Ce jeune homme a dit la vérité
Il doit être exécuté.

Ce soir avec vous j'ai enfreint la règle du jeu
J'ai enfreint la règle
Des moineaux, des aigles
Vous avez très peur pour moi car vous savez que je
Risque vos murmures
Vos tomates mûres
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m'exécuter
Ma chanson a dit la vérité
Vous allez m'exécuter
Guy Béart
 
 
Je rappelle que le premier, ici, c’est José Carmona.
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